Continuum saison 3 (Simon Barry, 2014)

La saison 3 est définitivement un cap très important dans une série, j’en suis désormais persuadé. En 2008, elle entamait une sévère descente pour Dexter; En 2010, elle donnait quelques passages light à Breaking bad, qui par ailleurs s’en sortait quand même plutôt pas mal; en 2011, elle a failli annihiler Misfits, avant le renouveau inespéré de la saison 4; cette année, elle débute Longmire avec un rythme plus convenu que d’habitude; et cette année toujours, elle nous donne une Continuum bien trop sage… Autant dire que j’ai un peu peur du retour de Banshee

Ce phénomène de la saison 3 s’explique probablement par un matériau scénaristique s’avérant très dense au départ, l’excitation de la création étant une source d’inspiration très forte pour les scénaristes. Jeter sur papier des idées bien originales, créer des personnages dont on ne dévoile pas toutes les facettes, mettre en place des relations complexes et un récit structuré, tout ceci se passe forcément mieux quand on n’a pas encore de pression. En clair, la phase d’écriture d’un show est beaucoup plus détendue avant sa création, et le temps imparti pour le développer est bien plus grand. Une fois la première saison lancée, une certaine pression s’installe, et on commence à avoir un timing à gérer pour continuer le récit initial. Si l’on a encore quelques idées non exploitées dans la saison 1, on peut donc les incorporer dans la seconde et poursuivre la série avec un rythme similaire à ses débuts. Mais il y a un moment où les idées vont devoir être élaborées alors que le show est lancé, et c’est là que le travail va devenir ardu. Il va falloir continuer à développer une mythologie, des personnages, des relations, en prenant en compte tout ce qui a été développé avant, et en essayant de maintenir un cap et un rythme qui étaient une source d’inspiration au préalable, et qui commencent à ressembler à un carcan. C’est clairement le constat que l’on peut avoir après avoir vu cette 3ème saison.

Après une saison 1 très prenante et une saison 2 qui se permettait même d’être encore plus efficace, la baisse de régime est clairement visible cette année. On sent l’essoufflement indéniable qui pèse sur le show, et Simon Barry peine à renouveler son récit. Le résultat n’est certes pas catastrophique, mais vu le passé de la série, c’est frustrant de se retrouver devant une saison finalement juste dans la moyenne… Dès le premier épisode, on sent que quelque chose s’est dissipé, on ne parvient pas à retrouver l’esprit qui habitait Continuum durant les 2 précédentes années. L’écriture est clairement plus en roue libre que les scénarios béton de 2012 et 2013, et il y a certaines libertés qui sont prises et qui vont parfois à l’encontre de ce qui avait été mis en place jusqu’à présent. En fait, la sensation qui prime cette année est celle d’un show décousu qui ne sait pas s’il doit continuer sur la lancée du début, ou prendre le risque de passer à autre chose. Kiera Cameron et tous les autres personnages ont donc constamment le cul entre deux chaises, ce qui amoindrit considérablement leur force de caractère. On ne parle pas uniquement de périodes de doute pour les personnages, mais véritablement de modifications grossières qui leur sont apportées.

Cette saison 3 minimise beaucoup d’éléments, à tel point que même l’organisation terroriste Liber8 devient presque anecdotique! Il y a une sorte de lissage qui est appliqué à l’ensemble des personnages et des organisations, et qui malheureusement réduit considérablement l’impact de la série. Un jeu des alliances improbables achève de donner un aspect bien plus light au show… Le constat paraît bien sévère, mais il est à l’image de l’attente que l’on pouvait avoir après 2 saisons résolument captivantes! Cette saison 3 n’est donc pas catastrophique, mais se suit de manière bien plus distanciée… D’un épisode à l’autre, l’effet d’attente ne fonctionne plus, et j’avais hâte d’achever cette saison…

Bon, Rachel Nichols est toujours aussi élégante, mais son personnage de Kiera ne sait plus trop vers où aller… Retrouvera-t-elle sa famille dans le futur? Alec parviendra-t-il à créer un dispositif de voyage temporel? Le monde deviendra-t-il totalitaire? Autant de questions qui passionnaient dans les saisons 1 et 2, et qui ne semblent plus aussi importantes aujourd’hui… Pourtant, il y avait vraiment matière à continuer de manière captivante avec l’élaboration de la CPS, la police du futur par exemple. Mais les scénaristes se sont perdus dans une sorte de complexification qui n’est au final qu’un écran de fumée, en tentant de passer d’une dimension à une autre et en créant des doubles des personnages. Le principe en lui-même n’est pas inintéressant, mais il est utilisé de manière bien trop sage pour convaincre pleinement.

Pour résumer, cette saison 3 n’est pas aussi calamiteuse que peut laisser croire cet article, mais elle est très en-dessous de ce que Simon Barry nous avait offert auparavant. Du coup, il est difficile d’être captivé par un récit qui s’est malheureusement banalisé cette année…

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