John Flynn fait partie de ces metteurs en scène qui n’ont pas eu la reconnaissance qu’ils méritaient, et qui apparaissent comme de très bons faiseurs ayant oeuvrés dans les années 80. L’homme a réalisé Echec à l’Organisation, Légitime Violence, Pacte avec un Tueur, Haute Sécurité… Il a un solide sens de la mise en scène et du rythme, et nous offre des pellicules denses et prenantes, baignant toujours dans un climat de violence urbaine héritée des années 70.
Les Guerriers de la Nuit à dynamité le genre du film d’action en 1979, et on sent de manière significative l’apport de l’oeuvre de Walter Hill dans Les Massacreurs de Brooklyn. Le gang des Souls revêt des atours vestimentaires bien colorés et se complaît dans une violence quotidienne de la même manière que les Warriors et tous les autres gangs de New York. Quand un marin de passage va être confronté aux Souls, c’est tout le quartier qui va se mettre à surchauffer… Avant de piloter le Supercopter de 1984 à 1986, Jan-Michael Vincent a promené sa gueule d’ange dans une poignée de vigilante movies, notamment Le Flingueur où Charles Bronson l’initiait aux joies des armes à feu. Dans Les Massacreurs de Brooklyn, son personnage, Tommy, va être confronté malgré lui à un gang redoutable qui terrorise le quartier.
Personne ne semble capable de s’opposer aux Souls, mais Tommy va agir comme un catalyseur et donner une impulsion à ce quartier qui subit depuis trop longtemps les agissements du gang. Danny Aiello campe le vieux leader d’un ancien gang, les Sportsmen, qui aujourd’hui ne se réunissent plus que pour siroter une bière et jouer aux cartes. Ces anciennes terreurs de quartier se sont assagies avec le temps, et subissent eux aussi la violence des Souls. Mais avec Tommy, un élan de courage va s’élever et permettre aux habitants de se faire entendre.
Les Massacreurs de Brooklyn possède un vrai aspect documentaire, tant on se retrouve immergé dans un quartier typique de New York que l’on va découvrir sous toutes ses facettes. Le film va rester très localisé, mais s’avère précieux dans son évocation du New York du début des années 80, montrant un mode de vie totalement dépassé aujourd’hui (Tommy qui demande à l’épicier du coin de prendre ses appels, la légende urbaine des alligators dans les égouts, etc). On se balade dans le vieux métro new-yorkais, sur les quais, ou dans les ruelles sombres de la ville avec derrière chaque image la sensation que John Flynn aime cette ville et se plaît à en faire ressortir l’atmosphère riche et complexe.
Rudy Ramos est génial dans la peau d’Angel Cruz, le leader des Souls, et joue de son aura pour maîtriser son gang et instaurer la peur dans le quartier. Son look old school, sa manière de se prendre au sérieux, et son absence totale de limite en font un adversaire de choix pour Tommy. La scène du bingo est à ce titre excellente, l’affrontement verbal avec le prêtre étant empli d’une tension très forte, et démontrant à quel point Angel se sent libre de faire ce qu’il veut aux détriments des autres. On dit toujours qu’il faut un bon méchant pour faire un bon film, Rudy Ramos l’a très bien compris!
Les Massacreurs de Brooklyn est une pièce de choix dans le film d’action des années 80, et cette oeuvre méconnue vaut le coup d’oeil grâce à la maîtrise de son metteur en scène John Flynn. Et comme souvent dans les années 80, la partition musicale est excellente!