Les exécutifs de
Marvel ont décidé de purement et simplement oublier le film d’
Ang Lee, au vu de ce qu’ils appellent un échec commercial (avec 245 millions de dollars à travers le monde, le terme est tout relatif…). Exit donc l’équipe originelle, c’est à une refonte du géant vert que l’on a droit. Techniquement,
L’incroyable Hulk est une suite puisque l’action reprend là où s’était arrêté celle de
Hulk, mais le générique nous montre une genèse différente du monstre vert. Le personnage est nettoyé de toute trace de son passage dans les mains d’Ang Lee, et le procédé s’apparente bien a du steampunk pour rester poli!
Edward Norton dans le rôle de Bruce Banner, c’est une idée plutôt réjouissante, et le charisme de l’acteur permet de donner corps à ses peurs enfouies dans une première partie très Jason Bourne. Comme dans le film d’Ang Lee, le colosse de jade n’apparaît pas tout de suite, et l’intrigue à base de chasse à l’homme est plutôt bien développée. Mais passée cette première partie, un fait significatif se fait ressentir: le long métrage d’Ang Lee revient sans cesse en tête, et la comparaison entre les deux films est obligatoire. Et malheureusement, celle-ci se fait au détriment de la nouvelle équipe. Il n’y a qu’a voir comment sont traitées les relations entre les personnages; à peine esquissées chez Leterrier, elles étaient approfondies dans un schéma psychanalytique chez Ang Lee.
La richesse de l’écriture de James Schamus n’a rien a envier à la pâleur de celle de Zak Penn, et L’incroyable Hulk déroule son récit avec une absence d’enjeux dramatiques évidents. La relation entre Bruce et la belle Betty Ross n’atteint pas le quart de l’intensité amoureuse développée dans Hulk, et la mise en scène y est pour beaucoup: là ou Ang Lee maîtrisait le registre intimiste et émotionnel d’une manière plus qu’évidente, Leterrier survole tout ça et préfère se concentrer sur les scènes d’action. Avec la série des Transporteur et Danny the Dog à son actif, il est vrai qu’il est davantage spécialisé dans l’imagerie dynamique, ce qui n’est pas une critique en soi. Mais l’absence de fond conséquent porte préjudice à cette suite qui s’en retrouve réduite à enchaîner des morceaux d’action sans puiser dans le registre émotionnel.
Visuellement, Hulk n’est pas aussi expressif que dans le film d’Ang Lee. Le personnage est certes réussi, mais il manque toujours cette pointe d’humanité que Lee a mis en avant dans son œuvre, et qui lui donne cette aura si particulière. Ici, Hulk combat un adversaire de poids en la personne de l’Abomination (Tim Roth est plutôt bon!), et les fanboys devraient se réjouir de ce clash des titans, seul petit bémol au premier film, qui lui n’offrait pas de véritable ennemi au géant vert. L’Abomination s’annonce bien effrayant, mais le combat tant attendu ne débouche au final que sur une démonstration de SFX informatiques qui ont vite fait de fatiguer la rétine. Tout comme pour le reste du film, l’impact n’est pas viscéral, mais purement visuel et superficiel.
Bref, si Marvel pouvait à son tour faire oublier ce deuxième opus et rappeler Ang Lee pour un troisième épisode, ce serait une solution plus que satisfaisante. Il faut rappeler que l’association Eric Bana– Jennifer Connely faisait des étincelles, et qu’Edward Norton et Liv Tyler ne parviennent pas à les égaler. Et Hulk est simplement l’un des meilleurs films de super-héros qui ait vu le jour.
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