Rusty Puppy (Joe R. Lansdale, 2017)

C’est une sensation vraiment particulière, lorsque vous vous rendez dans une enseigne culturelle afin de trouver un bouquin bien précis et qu’il ne se trouve pas en rayon, et que passée la première déception, vous tombez vraiment par hasard sur le dernier bouquin de votre auteur préféré! C’est l’effet que ça m’a fait il y a quelques semaines, lorsque mes yeux sont tombés sans s’y attendre sur cet exemplaire de Rusty Puppy, qui venait de sortir en version poche! La déception a été très vite remplacée par un immense plaisir, et je me suis empressé de rentrer pour commencer à feuilleter ces pages!!!

Joe R. Lansdale est selon moi l’un des écrivains contemporains les plus impressionnants qui soit, avec une propension à passer de l’émotion à l’humour en une fraction de seconde, ou à carrément entremêler les 2 avec talent, et il est sans conteste mon auteur favori depuis maintenant plus de 10 ans. Lorsque j’entame un de ces romans, j’entame également une lutte avec moi-même, afin de ne pas les dévorer trop rapidement, et je me force à les laisser de temps en temps de côté, et à me contenter d’une poignée de chapitres pour en garder pour les prochains jours! Et évidemment, quand j’ai commencé ce Rusty Puppy, je me suis immédiatement retrouvé en terrain familier, avec les personnages d’Hap et Leonard bien sûr, mais surtout avec cette écriture si particulière et unique qui est la marque caractéristique de l’auteur texan!

L’effet est notable dès la première page, et je vous place ici un extrait caractéristique : « Ce sont des médecins et des infirmières qui m’ont sauvé du grand plongeon dans le noir, alors je n’ai pas remercié Jésus en revenant à moi. J’ai remercié l’équipe médicale, leurs années d’études et leurs formidables compétences. J’ai toujours pensé que, si j’étais médecin et que je sauve la vie de quelqu’un, et que ce quelqu’un à son réveil se mette à remercier Jésus, j’aurais envie de lui enfoncer une paire de forceps dans le cul en lui conseillant de demander à Jésus de venir les lui enlever. » Comme ça, vous avez une idée de la gouaille de l’auteur, et de son univers chatoyant!

On avait en effet laissé Hap dans un bien triste état à la fin de Honky Tonk Samouraïs, mais on apprend donc qu’il s’en sort plutôt bien. Après avoir rencontré un gang de motards, des tueurs psychopathes et la Dixie Mafia, on se dit que les 2 compères vont enfin pouvoir se reposer un peu. Mais ce serait sans compter sur leurs capacités infaillibles à se foutre dans les emmerdes, surtout qu’ils gèrent une agence de détectives depuis peu! Donc quand une femme vient voir Hap en lui disant que son fils a été tué, il ne va pas pouvoir s’empêcher d’aller creuser là où il ne faut pas, et c’est le point de départ d’un nouveau bordel bien monumental!

Quand le jeune assassiné est un Noir, et que les meurtriers semblent être des flics Blancs, il y a de quoi rendre cette affaire assez explosive pour souffler tout l’entourage d’Hap et Leonard, mais ce n’est pas ça qui va les arrêter, bien au contraire! Ils vont donc commencer leur enquête dans le ghetto Black, avec bien évidemment Hap, Blanc comme neige, qui décide de s’y rendre tout seul comme un grand. Quand je vous le dis, qu’ils cherchent les emmerdes… On va avoir droit à des dialogues bien enlevés et à un joli passage à tabac (le Black Leonard surveille toujours le cul de son pote Hap), et l’enquête va avancer en fonction des rencontres hautes en couleurs du duo, avec des jeunes du quartier, des flics véreux, une vampire naine de 400 ans… Quoi??

Tout au long de ma lecture, je n’ai pas arrêté de relever des phrases qui pourraient être cultes, et les exemples sont tellement nombreux qu’il faudrait simplement que je recopie le livre, ce serait plus simple. Je vous en place au hasard : « Il y a cinq ans, il s’est fait rentrer dedans par un train, expliqua Sheerfault, et ce n’était déjà pas un penseur de génie à l’époque. Le train a heurté sa camionnette sur les rails, il en a fait un gros pâté, et il a fait sauter quelques boulons dans la tête de Bobo. Bobo a une approche simple de la vie, pas vrai, Bobo? -J’aime taper les gens, dit Bobo. -Ca résume tout, confirma Sheerfault. Il aime taper les gens. Et s’il entend siffler un train pas loin, il se chie dessus. -Peux pas m’empêcher, dit Bobo. » A propos du même Bobo, quand il essaie de comprendre ce qu’on lui dit : « Bobo s’arrêta et se détendit. Il me fixa de son regard atone. Son visage pendait comme un sac vide. A l’intérieur de son crâne, un neurone grimpa sur un escabeau pour dénicher une pensée en haut de l’étagère. »

C’est typiquement du Joe R. Lansdale, et c’est comme ça durant tout le bouquin, en mode Audiard texan qui fracasse! Mais si l’humour est souvent présent tout au long de ces pages, on va aussi retrouver un Hap qui se découvre quelques talents paternels, une fliquette qui n’a pas froid aux yeux, une Brett qui combat un rhume, et des personnages secondaires qui valent le détour, notamment cet avocat véreux qui rappelle furieusement un certain Saul Goodman! Quand je vous le dis qu’on est en bonne compagnie dans l’East Texas! Bon, si depuis le temps que je vous en parle, vous n’avez toujours pas lu de Joe R. Lansdale, je vais vraiment commencer à m’énerver!!! ^^ Ah, et sinon j’ai mis à jour la checklist Joe R. Lansdale, bien évidemment! ^^

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