The Dawn Wall (Josh Lowell, Peter Mortimer, 2017)

The Dawn Wall, le Mur de l’Aube. Ce nom a été donné à cette paroi vertigineuse car elle est le premier élément à recevoir les rayons du soleil tôt le matin, et cette particularité lui confère une dimension encore plus spectaculaire. Située dans la vallée de Yosemite, lieu de culte s’il en est pour les grimpeurs du monde entier, ce Dawn Wall est un pan d’El Capitan, une immense formation rocheuse haute de 914 mètres. Ce gigantesque monolithe s’impose majestueusement dans cette vallée paisible, appelant de son éternel calme les amoureux de l’escalade. Je vous avais précédemment parlé du sublime film Free Solo relatant l’ascension par la voie Freerider d’Alex Honnold, on va s’intéresser aujourd’hui à l’odyssée haletante de Tommy Caldwell et Kevin Jorgeson, bien décidés à vaincre le Dawn Wall!

Cette aventure prend place 2 ans avant la tentative d’Honnold, et on va tout d’abord s’intéresser de près au protagoniste principal, Tommy Caldwell. Tommy était un enfant introverti et qui souffrait d’un certain retard, mais son père, qui pratiquait le culturisme, la randonnée de haute montagne et l’escalade, a décidé qu’il dépasserait ses limites. Ce père exigeant et aimant l’a initié à l’escalade, et l’emmenait faire des sorties qui auraient faire pâlir des adultes chevronnés! Tommy a rapidement trouvé un moyen de surmonter son retard, en découvrant une pratique dans laquelle il se transcendait. C’est en s’inscrivant à l’âge de 17 ans à un concours sur mur artificiel qu’il va en quelques minutes sortir de l’anonymat, lorsqu’il est le seul participant à réussir la totalité de l’ascension.

Ce tournant dans son existence va le mener vers 2 autres directions : il va rencontrer celle qui deviendra sa femme, Beth Rodden, une passionnée d’escalade comme lui. Le couple va vivre dans une symbiose totale, entre leur histoire d’amour et leur passion pour la grimpe. Le jeune Tommy rompt une nouvelle distance sociale, puisqu’il n’est plus seul dans l’existence. La 2ème étape est nettement plus dramatique : en 2000, ils sont invités à se rendre au Kyrgyzstan pour un reportage durant lequel ils auront l’opportunité de grimper de magnifiques sommets. Mais l’aventure tourne au cauchemar quand le couple ainsi que les 2 personnes qui les accompagnaient sont pris en otages par des terroristes. S’ensuivent 6 jours de calvaire, durant lesquels les 4 craignent constamment pour leur vie. Ils auront une opportunité de s’en sortir, mais qui aura un certain coût pour Tommy.

Le retour au pays est un soulagement, mais également le début d’un immense cirque médiatique. Tommy et Beth sont sollicités par les chaînes de télévision pour venir raconter leur incroyable aventure, mais ils tentent surtout de panser leurs plaies, traumatisés par ce qu’ils ont vécu. L’escalade semblant être à chaque fois la bonne réponse, ils reprennent leurs ascension et tentent de vaincre leurs angoisses de cette manière. En 2001, Tommy se scie accidentellement la moitié de l’index de la main gauche, qui malgré plusieurs tentatives, ne pourra pas être recousu. Un drame pour un professionnel de l’escalade, et tout le monde pensait que Tommy en avait fini avec cette passion. Mais il n’en est rien, et avec une volonté inébranlable et un entraînement des plus intensifs, il va apprendre à grimper avec ce bout de doigt manquant! L’escalade est plus qu’une passion, c’est la matrice même de son existence, et il ne peut vivre sans cette discipline.

En 2010, sa vie est encore une fois bouleversée, et il va tenter à nouveau de trouver une solution par le biais de l’escalade, en se lançant dans un projet impossible : l’ascension d’El Capitan par le Dawn Wall, cette immense surface quasiment lisse de plus de 900 mètres de haut!!! Personne n’avait jamais réfléchi à grimper par ce pan, puisqu’il offre tellement peu d’aspérités aux pratiquants. C’est pourtant le défi totalement fou qui va occuper Tommy durant les 6 prochaines années, qui sera le temps de préparation nécessaire pour trouver le chemin le plus propice à la réussite de cette montée. Mais comme cette ascension est impossible à réaliser seul, il va l’effectuer avec Kevin Jorgeson, un passionné d’escalade qui l’a contacté. Kevin est un adepte du bloc, et il effectue des montées de 9 mètres maximum, donc il va s’attaquer à un domaine totalement inconnu et vertigineux pour lui !!!

Cette ascension va être une succession de 32 relais, qu’il va falloir réussir l’un après l’autre, afin de parvenir au sommet ensemble. Si les premiers relais sont assez rapidement franchis, les difficultés ne vont pas tarder à se faire voir… Tommy et Kevin se sont préparés à une ascension d’une quinzaine de jours, dormant dans des tentes suspendues à même la paroi! Une vie d’ermites et de sportifs qui semble leur convenir, et qui va être incroyablement dense et très prenante! On va suivre leur périple en passant par des émotions très diverses, de leur immense excitation à de grandes désillusions, tout en découvrant la force et les limites de l’amitié. The Dawn Wall est un film sur un défi à la fois très personnel, mais également partagé, pour ces 2 hommes confrontés à un dépassement de soi unique et terriblement ravageur.

Les prises de vue de Josh Lowell et Peter Mortimer permettent d’appréhender avec grâce la magnificence d’El Capitan, et on va se retrouver projeté dans cette incroyable montée avec Tommy et Kevin, en ayant bien conscience de l’aspect vertigineux de l’ensemble! Lowell et Mortimer mettent en scène des films d’escalade depuis le début des années 2000, et ont travaillé en duo sur King Lines ainsi que sur la série des Reel Rock. The Dawn Wall est une très belle pièce du film d’escalade, et l’aventure de Tommy et Kevin vaut d’être découverte!

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