Les Anges aux Poings serrés (James Clavell, 1967)

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Scénariste connu pour avoir écrit La Mouche noire (son premier scénario) et co-écrit La grande Evasion, James Clavell est également romancier (on lui doit Un Caïd, basé sur sa propre expérience dans un camp japonais lors de la Seconde Guerre mondiale, et adapté au cinéma en 1965 par Bryan Forbes), producteur et réalisateur. En 1967, il s’associe avec l’acteur Sidney Poitier (qui tournera juste après Dans la Chaleur de la Nuit) pour adapter le livre du Guyanien E. R. Braithwaite (il est né en Guyane britannique, qui deviendra le Guyana en 1966).

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Mark Thackeray est un jeune homme idéaliste, débarquant dans l’East End de Londres afin de prendre son tout premier poste d’enseignant. Mais dans ce quartier défavorisé de la capitale, les élèves ne sont pas les plus coopératifs, et le travail qui attend Thackeray va s’avérer très difficile. Sur ce scénario qui paraît relativement classique, vont se greffer des notions importantes, et qui seront surtout traitées avec beaucoup de subtilité et de sensibilité. Un professeur noir arrivant dans un lycée afin d’éduquer des adolescents difficiles à la fin des années 60, ça n’est pas forcément la position idéale. Mais Mark Thackeray a des convictions profondes, qu’il va tenter de transmettre à ses élèves malgré leur manque évident de bonne volonté.

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Le film va développer des personnages qui vont se révéler au fur et à mesure, qu’il s’agisse des professeurs ou des élèves, et il surprend par la richesse accordée à chacun des protagonistes. Le bras de fer qui s’entame en début d’année entre le professeur et ses élèves va conduire chaque individu à se remettre en question, à s’affirmer, à se confronter et à s’entraider. Il y a une vision étonnante de modernité dans la structuration de ce film, qui fonctionne encore de belle manière presque 50 ans après sa sortie. Thackeray va subir beaucoup de pression de la part de ses élèves, qui tentent de le pousser constamment à bout, et il va lutter afin de leur inculquer des principes moraux et sociaux qui sont essentiels pour lui, et qui leur seront nécessaires s’ils veulent réussir leur vie. Les Anges aux Poings serrés est une sorte de manifeste du combat quotidien dans lequel peuvent se retrouver les enseignants, figures importantes dans l’épanouissement des jeunes.

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Sidney Poitier est exemplaire dans le rôle de Thackeray, qui sans grandiloquence et sans brutalité, va tenter d’inverser le cours des choses et de modifier la perception de ces jeunes. Son unique but est de les aider à s’accomplir en tant que personnes, et c’est dans cette conviction qu’il va puiser la force nécessaire afin de lutter contre leur absence de volonté. On se retrouve à croire en même temps que lui à cette mission, qui ne va pas se faire avec de beaux discours, mais avec des éléments véritablement concrets. Les jeunes qui n’ont jamais mis les pieds dans un musée, vont se retrouver en sortie scolaire autour de cette figure de plus en plus importante qu’est Thackeray, et il va peu à peu leur donner goût à l’effort et aux bonnes manières.

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Mark Thackeray est un homme humble, qui va se révéler à leur contact, et qui dans ce partage va gagner leur attention et leur respect. C’est grâce à cette honnêteté constante et au maintien de ses propres idéaux qu’il va commencer à faire évoluer leur relation, et d’ennemi il va commencer à devenir un allié. James Clavell (qui a aussi produit et écrit ce film) va traiter des sujets de société très importants à l’époque, comme la place de la femme, le racisme, l’échelle sociale… Il le fait avec une conscience très simple de la réalité, et en ayant tout aussi conscience de la possibilité de changer les choses. La lutte des élèves contre le professeur est représentative de l’aliénation des aînés face aux jeunes, et le rôle de Thackeray est de leur montrer que le fatalisme n’est pas une solution, et qu’ils ont le devoir d’améliorer le monde. James Clavell véhicule de très belles idées, qu’il ne balance pas de manière simplement naïve, mais avec une approche très noble et humaniste.

Les Anges aux Poings serrés est une histoire très touchante, dans laquelle la figure très sage représentée par Mark Thackeray sert à donner une motivation et un idéal à ces jeunes désoeuvrés. Le film s’avère très fort dans sa thématique, et il parvient à jouer avec tension et émotion pour nous donner une oeuvre très maîtrisée.

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2 réponses à Les Anges aux Poings serrés (James Clavell, 1967)

  1. sonia dit :

    C’est fou comme certains sujets restent éternellement d’actualité ! Tu penses que c’est adapté pour Julien ( 9 ans dans 4 jours…) car ce sont exactement le genre de valeurs que je souhaite lui transmettre…..Never give up if you trust in what you do !

  2. Wade Wilson dit :

    Oui il n’y a pas de scènes violentes ou choquantes, le traitement est à la fois réaliste et optimiste. Après c’est un vieux film, il pourrait ne pas apprécier l’esthétique, mais tu peux le tenter sans problème! 🙂

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