L’an passé, Banshee s’était imposée avec évidence dans l’univers télévisuel avec son mélange d’ultra-violence, de sexe sans complexe et un sens de l’écriture affûté à l’extrême. La galerie de personnages créée par le duo David Schickler/ Jonathan Tropper aura fait le bonheur de la chaîne Cinemax, qui a bien évidemment décidé de poursuivre avec une seconde saison, devenue dès lors l’un des événements télé les plus attendus de ce début d’année.
Il est difficile de rivaliser avec la perfection de la première saison, et cette suite a mis un petit temps avant de véritablement démarrer. Les 4 premiers épisodes (sur 10) nous ont servis des situations finalement analogues à d’autres déjà vues l’année précédente, et si on passait néanmoins un bon moment, l’effet de surprise s’était dissipé et aucune nouveauté ne semblait émerger. Le shérif Lucas Hood poursuivait ses aventures musclées dans la petite ville tranquille de Banshee, Pensylvannie, mais on regrettait la fraîcheur et les tours de force de la première saison. Mais l’épisode 5 va tout faire basculer, et dès lors on va replonger chaque semaine dans des récits à nouveau totalement captivants, qui vont faire évoluer la communauté de manière tout aussi radicale que la saison 1. Banshee était juste en latence le temps de quelques épisodes, avant d’offrir à nouveau ce qu’elle cache de plus beau à travers ses personnages géniaux!
Cet épisode 5 est l’un des plus beaux moments de télé que j’ai vu, et je pèse mes mots. A contre-courant des autres épisodes mêmes de la série, il va juste suivre Lucas et Carrie, dans une échappée belle où le passé, le présent et le conditionnel vont se mêler avec une sensibilité poétique et dramatique belle à pleurer. Il y a une sorte de condensé de tout ce que ces deux êtres ont été, sont et auraient pu être dans cet épisode, et Schickler et Tropper font de ce numéro 5 une frontière qui se situe d’une certaine manière en-dehors de la temporalité de la série, mais qui va définitivement donner l’impulsion dont cette saison avait besoin. Dès lors, les habitudes vont tomber, les attitudes vont se défroisser et les flingues se dépoussiérer!
Banshee saison 2 est une putain d’excellente saison, et encore une fois je n’en reviens pas de la densité dramatique de ce show qui sait être gore, fun et intense! En un épisode, on retrouve des éléments si dissemblables que c’est un vrai miracle de voir avec quelle cohésion ils sont si subtilement ficelés, et c’est tout aussi incroyable de voir comment autant de personnages peuvent se nourrir l’un l’autre avec autant de richesse! Entre un Lucas toujours aussi bagarreur, une Carrie perdue après les événements de l’an passé, un Job toujours aussi génial, un Kai Proctor hallucinant de froide sauvagerie, une Rebecca de plus en plus entraînée vers le Mal, et tous les autres, on en rajoute encore des nouveaux! Un tueur implacable dans un épisode, l’agent Racine du FBI, et l’hallucinant Cheystone Littlestone, interprété par le colosse Geno Segers! On peut dire que la relève de l’Albinos de la saison 1 est assurée! C’est toujours avec le même soin qui confine au sublime que les existences de tous ces personnages vont s’entrecroiser de manière plus ou moins violentes, et l’on va assister à des séquences encore bien choquantes cette année.
Kai Proctor est un personnage décidément hors du commun, et sa quasi-immunité rend sa relation avec Hood totalement géniale. Au gré des épisodes, les deux hommes vont se jauger jusqu’à plonger de plus en plus loin! Parallèlement à cette trame, on va s’aventurer en territoire Amish avec ce meurtre d’un jeune Indien qui va raviver les tensions entre les deux communautés. Banshee n’oublie jamais de s’intéresser aux lieux où elle se situe et à l’histoire de ces terres. E là encore, on va avoir droit à un bad guy imposant… Clay, le bras droit de Kai s’avère de plus en plus radical, et on commence à découvrir des bribes de son personnage… L’épisode centré sur Yawners, le flic black, est excellent, Alex Longshadow prend du galon, et Carrie et Gordon tentent de sauver ce qu’ils peuvent de leur couple…
Comme il est toujours difficile de terminer une saison, l’épisode 10 est une oeuvre que l’on devrait montrer dans les écoles de cinéma tant sa tenue est exemplaire. C’est très couillu de la part des auteurs de le raconter de cette manière, et c’est d’autant plus fort qu’ils parviennent encore une fois à jongler entre les différentes époques de la plus belle des manières! On atteint encore une fois la perfection dans cet épisode final, qui non content de clore un pan très important du show avec beaucoup d’émotions contradictoires, prend encore le temps de poser des bases intenses pour la saison 3! Et mon Dieu que ça va être explosif!!!
Il n’y a décidément rien à jeter dans cette série qui est parvenue à se renouveler intelligemment, et qui a encore de très belles heures devant elle!