Difficile de parler d’un tel film juste après l’avoir vu, mais on peut dire que l’attente qu’il suscitait était légitime (Il est 1er au Palmarès Interblogs d’ailleurs!). Je ne sais pas vraiment par où commencer, tant il offre de thématiques profondes et d’agencements complexes dans sa mise en scène, le tout sublimé par une simplicité primordiale quant à ce qu’il démontre d’un bout à l’autre: une volonté de survie aussi fragile qu’essentielle.
Si Mr What Else joue son rôle avec classe et décontraction, c’est bien Sandra Bullock qui bouffe l’écran de manière véritablement surprenante. C’est simple, je ne l’avais encore jamais vu aussi intense, et ce n’est pas seulement dû au fait qu’elle a un personnage très bien écrit. Alfonso Cuaron est un directeur d’acteurs émérite, et Sandra Bullock s’est transcendée à ses côtés dans ce rôle à la fois extrêmement physique et psychologiquement intense. Elle incarne à merveille cette volonté de survie voulue par Cuaron, se désagrégeant parfois pour mieux renaître ensuite, visant cet unique but de continuer sa lutte personnelle.
Cuaron est parvenu à susciter des émotions véritablement puissantes dans cette évocation d’une aventure spatiale hors du commun, et au-delà de la beauté visuelle, il ancre son récit dans une dimension psychologique résolument forte. Encore une fois, Sandra Bullock puise en elle toute l’intensité nécessaire à la crédibilité de son personnage, et on est pris dans des émotions diverses et prenantes qui vont se suivre durant tout le film.
Mais qu’est-ce que ce mystérieux Gravity raconte comme histoire? Je ne vais évidemment pas vous gâcher la surprise, mais le scénario D’Alfonso Cuaron et Jonas Cuaron est un modèle d’écriture tant il parvient à faire coexister les aspects purement techniques d’un voyage spatial avec les émotions complexes qui en découlent. La folle aventure de Ryan Stone (Bullock) et Matt Kowalski (What Else) se vit avec une intensité rare.
C’est évidemment là que Cuaron va enfoncer le clou, lui qui est un pur génie visuel, et il va nous livrer des plans-séquence tout simplement incroyables tant ils s’affranchissent de toute contrainte physique! Le Gravity du titre renvoie évidemment à l’absence de gravité dans laquelle évoluent Ryan et Matt, mais il souligne également l’absence de gravité de la caméra de Cuaron, qui dessine des motifs complexes et magnifiques en tournoyant dans l’espace avec une grâce jamais atteinte! Et le pire, c’est que tout en filmant avec ce talent inimitable, il pose en même temps une intensité dramatique captivante!
Cuaron livre des séquences d’action inégalées, la scène initiale de destruction étant tout simplement sublime dans son approche à la fois globale et intimiste. Le metteur en scène mexicain sublime chaque scène d’action par sa vision qui nous touche à un niveau personnel très profond. Au-delà de la complexité évidente d’un tel travail de mise en scène, Cuaron parvient à capter quelque chose d’essentiel qui ne peut laisser indifférent. Et la manière dont il s’affranchit des distances pour passer d’un plan d’ensemble à un très gros plan en passant à travers un casque d’astronaute, pour ensuite à nouveau se perdre dans l’espace, c’est tout simplement admirable!
L’ouverture du film donne d’entrée de jeu la tonalité hallucinante qui sera maintenue tout au long du film, avec ce plan-séquence époustouflant dont il va maintenir la cohésion de manière absolument parfaite, et dans lequel il va intégrer des éléments dramatiques d’une force exemplaire. Cuaron démontre toute sa maîtrise, mais il le fait d’une si belle manière que l’on est loin d’un simple étalage de technique. Au contraire, à aucun moment il ne brise le lien fragile entre beauté visuelle et puissance dramatique, et c’est dans cette coexistence qu’il puise toute l’intensité de ce film incroyable.
C’est vraiment très difficile de décrire l’expérience vécue avec ce film, et au-delà des superlatifs que mérite sans conteste ce film, j’ai juste envie de vous dire que Gravity est incroyablement unique!