L’avantage avec les films d’exploration spatiale, c’est qu’ils ne souffrent d’aucune limite et peuvent se permettre d’embarquer le spectateur vers une destination totalement inconnue et innovante. Entre un Sunshine magnifique et un Gravity qui promet d’être époustouflant, Europa Report fait office d’outsider de qualité grâce aux talents conjugués du metteur en scène équatorien Sebastian Cordero et d’une équipe d’acteurs très impliquée.
Exit l’habituelle mission vers Mars, ce film traite cette fois d’un voyage beaucoup plus lointain puisque l’équipage est en route vers Europe, l’un des satellites de Jupiter. Sa particularité est d’être entièrement recouvert de glace, et les scientifiques soupçonnent l’existence d’un vaste océan liquide sous cette couche, offrant une probabilité sérieuse d’y trouver une forme de vie extraterrestre. 6 astronautes sont donc envoyés en mission sur Europe afin de déterminer si la vie, même sous forme unicellulaire, existe dans ce monde gelé.
Sebastian Cordero va élaborer son récit à la manière d’un documentaire, fait d’images prises sur le vif par les caméras disséminées à bord. On est très rapidement plongé dans le quotidien de cette poignée d’êtres amenés à poursuivre une mission de la plus haute importance scientifique, et on va naviguer entre les missions de routine, les moments intimes et les tensions naissantes. Cordero avance crescendo et nous place au coeur de cet univers confiné en nous présentant les différents processus de leur travail de manière très réaliste.
Michael Nyqvist (le Mikael Blomkvist de la saga Millénium originale) campe un personnage intéressant qui va passer par des émotions complexes, et le reste de l’équipage est à l’avenant, avec notamment un Sharlto Copley bien plus crédible que dans le décevant District 9 de Neil Blomkamp. Il y a un travail d’écriture sincère de la part de Philip Gelatt, qui permet de faire progresser la tension de manière imperceptible et solide. L’homme n’est jamais allé aussi loin dans le système solaire, et les difficultés inhérentes à un tel voyage vont s’avérer à la fois techniques et conflictuelles, les personnalités variées réagissant chacune à leur manière face aux imprévus et difficultés. Mais le groupe est loin de s’imaginer à quel point cette aventure va être bouleversante…
Europa Report est traité avec beaucoup d’intelligence par une équipe qui ne cherche pas le sensationnel à chaque séquence, mais qui applique une grande crédibilité quant à la narration et aux implications d’un tel récit. Je n’en dévoilerai pas plus, mais les options choisies par Cordero et son staff s’avèrent très intéressantes, et le traitement visuel s’avère lui très immersif, avec ces multiplications de visions issues des caméras de bord, qui donnent un rendu proche du documentaire des événements. Leses émotions affleurent de manière évidente, et l’on se prend peu à peu au jeu, surtout que la survie des personnages est dans la balance. Sans atteindre l’intensité émotive et narrative d’un Sunshine qui reste un mètre-étalon du genre, Europa Report bénéficie d’une solide ligne de conduite qui en fait une très belle découverte. On pourra regretter que la fin ne soit pas à la hauteur des ambitions présentes durant tout le reste du métrage, mais il constitue une tentative de SF ambitieuse qui parvient à trouver ses marques et sa personnalité, et Sebastian Cordero a suffisamment de talent pour nous offrir un voyage dépaysant et étonnant.