John Coveny et Hunt Baldwin confirment tout le bien que l’on pouvait penser d’eux avec cette seconde saison captivante, qui prolonge les différentes trames scénaristiques laissées en suspens à la fin de l’excellente saison 1. Le shérif Longmire n’a pas fini d’enquêter sur de nombreuses affaires qui feraient presque passer Miami pour une ville tranquille!
Même si l’on peut s’étonner du rythme infernal à laquelle les cadavres s’accumulent dans le comté d’Absaroka, l’écriture savoureuse de Baldwin, Coveny, Craig Johnson et leur staff emporte immédiatement l’adhésion avec son mélange parfaitement équilibré d’enquêtes criminelles, de drame quotidien et d’émotion subtile. La multitude de personnages gravitant autour de la figure emblématique du shérif taciturne est traitée avec énormément de soin, et même si certains sont sacrifiés en ne parvenant pas à échapper à leur rôle de faire-valoir (la secrétaire Ruby reste par exemple cantonnée à son statut), il y a un vrai travail de corrélation entre chacun, et on navigue de l’un à l’autre avec l’envie tenace d’en apprendre davantage sur chaque personnage.
Henry Ours debout est par exemple un élément incontournable du show, et cet Indien dépeint avec beaucoup de solidité et un brin d’humour par un Lou Diamond Phillips parfait est représentatif du travail exemplaire effectué par les scénaristes. On va peu à peu découvrir qu’il possède lui aussi des failles, et que sa sagesse repose très probablement sur des expériences qu’il aurait peut-être préféré éviter… On va également en apprendre davantage sur les événements de Denver, qui minent le présent de Walt Longmire avec la présence du détective Fales (Charles S. Dutton, excellent) qui ne veut pas lâcher le shérif…
Longmire, c’est une finesse et une intelligence d’écriture magnifiée par une mise en scène véritablement captivante qui surprend par son homogénéité, alors que chaque réalisateur ne tourne en moyenne que 2 épisodes! Il y a pourtant une vraie vision propre à la série, faite d’un sentiment très respectueux envers la nature sauvage du Wyoming et qui n’oublie jamais de placer l’homme au sein de ces immensités. On ressent la solitude et la rigueur de ces lieux magnifiques, mais aussi la sérénité et la force qui y règne. Les personnages ne seraient pas les mêmes s’ils vivaient ailleurs, et ils portent en eux les marques de leur existence en ces lieux. Cady (Cassidy Freeman, parfaite) est une fille indépendante et forte, Henry est un parfait traqueur, Omar est un chasseur hors pair, Jacob Nighthorse sait sentir d’où vient le vent et parvient à jouer sur le respect des traditions indiennes tout en se projetant dans une vision plus capitaliste (son personnage n’est d’ailleurs pas sans évoquer le génial Kal de la série Banshee!).
Il n’y a au final qu’un seul bémol à cette saison, c’est l’épisode 12. Bizarrement, il est beaucoup plus faible à tous les niveaux, avec un récit peu intéressant, des interactions pas franchement savoureuses et une mise en scène nettement moins subtile. Et le personnage de Peter Weller monopolise trop l’attention dans un registre au final assez misogyne, alors qu’il s’avérait bien plus savoureux lors de ses premières apparitions. Mais pour contrebalancer, on a un second épisode poignant qui sans prévenir nous surprend par son intensité dramatique! En relatant une histoire difficile, elle met en lumière une très belle relation entre une mère et son fils, et met en lumière la performance géniale d’Heather Kafka, qui est capable de nous amener à de grandes émotions par la puissance de son jeu et de son personnage! Un très bel épisode qui assure encore la solidité de cette série.
J’en oublierai presque Vic Moretti, campée par l’excellente Katee Sackhoff, dont on découvre des éléments insoupçonnés de son passé! Son quotidien s’avère de plus en plus tendu, et elle va devoir s’en remettre à ce bon vieux shérif pour régler certaines affaires… Robert Taylor qui est absolument parfait dans le rôle de Longmire, et qui malgré sa naissance australienne joue cet habitant du Wyoming comme s’il y avait toujours vécu! Bailey Chase est vraiment bon dans le rôle de l’adjoint Branch Connally, et la lutte ouverte entre Longmire et lui pour le poste de shérif va créer des tensions très palpables! Sinon je viens d’avoir un choc, car j’ai découvert à l’instant que Jacob Nighthorse était joué par A Martinez, qui n’est autre que le mythique Cruz de Santa Barbara!!! Son rôle de politicien opportuniste lui va comme un gant… Et sinon, c’est un réel plaisir de retrouver Mädchen Amick, la Shelly Johnson de la géniale série Twin Peaks, le temps de 2 épisodes…
Bref, Longmire est une série qui impressionne par sa maturité et par son absence de défauts (allez, on oublie l’épisode 12!). Si les saisons se poursuivent à ce rythme, elle devrait peu à peu faire parler d’elle, c’est tout ce que je souhaite à Coveny et Baldwin, surtout au vu du final mémorable qu’ils nous ont concocté cette saison!!!