The Call (Brad Anderson, 2013)

L’excellent Session 9 de Brad Anderson est bien loin (2001), et son dernier film, L’Empire des Ombres, était un ratage intégral aussi désolant que ridicule… Mais le cinéaste a solidement repris les rênes avec ce The Call magistral qui est un thriller tendu et angoissant mené avec une intelligence exemplaire et un casting parfait! (17ème au Palmarès de juin)

La bande-annonce en dévoilait un peu trop, mais ne mentait pas sur l’ambiance stressante qui se dégage du film, dont les rares plages de calme sont vite balayées par une tension qui s’avère au final quasi-permanente. Tout comme le personnage d’Halle Berry tentant de reprendre ses esprits dans la quiet room, qui est une pièce où les opérateurs peuvent venir déstresser, le spectateur sait que la tempête gronde sans discontinuité à l’extérieur, et qu’il va bien falloir y replonger. Jordan est une opératrice au 911, le numéro d’urgence aux Etats-Unis, et son rôle est de réagir de la manière la plus rapide et efficace affin d’aider les personnes en difficulté qui l’appellent. Agressions, accidents, tentatives de suicides, meurtres, Jordan et ses collègues gèrent des situations extrêmement difficiles et doivent pouvoir coordonner les actions des policiers, pompiers et ambulanciers avec soin. D’entrée de jeu, Brad Anderson capte les enjeux et le professionnalisme des gens bossant dans la Ruche, surnom de cette vaste salle où oeuvrent les opérateurs. Il nous plonge dans leur quotidien où le stress est permanent, et où l’objectif primordial est de sauver un maximum de vies humaines en prenant les bonnes décisions.

Lorsqu’elle reçoit l’appel d’une jeune fille paniquée car un homme tente d’entrer dans sa maison, Jordan va tout tenter pour lui venir en aide. Mais un élément va faire basculer cet événement vers une issue fatale, et la jeune opératrice va basculer dans la culpabilité. Lorsqu’elle sera obligée de répondre à un appel de détresse similaire 6 mois plus tard, elle devra laisser ses doutes de côtés afin de se concentrer sur cette nouvelle affaire, où une jeune fille s’est fait kidnapper.

Anderson ne laisse rien au hasard, et en s’appuyant sur l’ingénieux scénario de Richard D’Ovidio (basé sur une histoire de lui-même, Nicole D’Ovidio et Jon Bokenkamp), il va tendre son récit au maximum grâce à une mise en scène d’une très grande force, qui va permettre à l’émotion de prendre toute son ampleur. La relation qui se crée entre Jordan et la jeune Casey est puissante et immédiate, et elle fonctionne grâce à la richesse des acteurs et à la force évocatrice d’Anderson. Il sait exactement quel cadrage utiliser pour rendre la tension plus forte, quelle durée donner à chaque plan afin de signifier l’urgence sans appuyer de manière démonstratrice, et son film gagne en puissance grâce à cette subtilité dont il fait preuve à chaque instant. Il parvient à donner un impact immédiat à ses images grâce à sa mise en scène exemplaire, et là où un autre réal serait passé à côté de cette tension, Anderson ne nous lâche pas un seul instant. L’image de ce bras sortant du coffre pour alerter les voitures renvoie à un processus de survie viscéral et à une identification immédiate avec la victime, et son impact est dû au sens aigu de la mise en scène d’Anderson.

Halle Berry est excellente dans le rôle de Jordan, qui entre force et doute va lutter pour la survie de la jeune fille kidnappée. Casey est jouée par Abigail Breslin, la gamine de Signes, Little Miss Sunshine et Bienvenue à Zombieland! Elle a bien grandi depuis, et campe l’ado kidnappée avec beaucoup d’émotion et de conviction. Et Michael Eklund est excellent dans le rôle du kidnappeur! Il est violent et imprévisible, et Eklund en fait un pervers véritablement flippant! Les relations entre les personnages sont d’un réalisme exemplaire, qu’il s’agisse de Jordan et Casey, ou de Casey et son ravisseur. En étant confronté à une situation extrêmement dramatique d’un très grand réalisme, l’empathie fonctionne à plein régime et permet à Brad Anderson de nous livrer une oeuvre véritablement impressionnante. Sans excès démonstratifs ni pathos appuyé, Brad Anderson nous balance une oeuvre où la survie prend tout son sens à travers de petits détails, et où l’émotion nous submerge grâce à une vision à la fois réaliste et intimiste de ce drame. Ca fait vraiment plaisir de revoir ce réalisateur revenir à un tel niveau!

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2 réponses à The Call (Brad Anderson, 2013)

  1. Shystrak dit :

    D’accord avec toi Wade, un vrai retour en force !

  2. Wade Wilson dit :

    Inespéré après L’Empire des Ombres! 😉

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