Vierge de Cuir (Joe R. Lansdale, 2007)


Lorsque Cason Statler revient à Camp Rapture, sa ville natale, il commence à bosser pour le journal local et ne tarde pas à tomber sur une affaire de disparition récente. Intrigué, il se met à enquêter, autant par véritable intérêt que pour échapper aux chroniques ronflantes qu’il doit torcher en général. Statler va mettre le doigt sur une affaire bien plus complexe qu’il y paraît, et la boîte de Pandore risque bien de lui exploser à la face…

En plaçant l’action de ce bouquin dans le fin fond du Texas, Joe R. Lansdale poursuit son exploration humaine à travers des personnages bien trempés comme il a l’habitude d’en décrire, et si l’on est familier des Marécages, de Sur la Ligne noire et des aventures d’Hap Collins et Leonard Pine, on se retrouve en territoire connu dans lequel il est diablement bon de retourner! L’atmosphère typique des petites villes, le langage fleuri de la campagne, les problèmes raciaux d’une autre époque… Vierge de Cuir développe une nouvelle intrigue dans ce terreau si fertile de l’Amérique profonde, en confrontant ce journaliste à une histoire bien tordue dont l’auteur a le secret!

Cason Statler revient d’Irak et a envie de se ressourcer chez lui, histoire de lier le passé et le présent et de faire un peu le ménage dans sa vie. Autour de lui vont graviter des personnages divers: Booger, l’ancien compagnon d’armes à moitié (ou entièrement) givré; Gabby, l’ex dont il est toujours accro; Jimmy, le frangin à qui tout réussit, parfait opposé de Cason; Jazzy, la petite voisine qui crèche dans l’arbre à côté; et de multiples personnages secondaires auxquels Lansdale accorde un réel intérêt, et qui ne sont pas de simples faire-valoir.

Le style Lansdale est unique, et constitue le premier intérêt de ses livres. Sa manière de décrire l’action, de planter un personnage en quelques mots bien imagés, et son talent de conteur en font un auteur incontournable. Sa description de Mme Timpson est un régal: « Ses cheveux étaient trop roux sur les côtés et trop roses sur ses plaques de calvitie naissante. Ses lèvres étaient deux betteraves desséchées et de profonds sillons plâtrés de mauvais fond de teint, comme du sable jeté à la gueule du Sphinx, érodaient son visage. Ses seins reposaient confortablement sur ses genoux; on aurait dit qu’ils venaient de mourir et qu’elle n’avait pas encore trouvé le temps de s’en débarasser. Elle devait avoir entre quatre-vingts ans et l’âge de la découverte du feu par l’homme des cavernes.  »
Lansdale manie un humour qui ne s’embarasse de préjugés, et vous vous retrouvez soudain pris d’un fou-rire alors qu’il ne décrit rien de si spécial! Son ton très libre et sa propension à chercher des histoires troubles pour les faire remonter à la surface sont des éléments constitutifs de l’addiction que provoquent ses bouquins. Même si le schéma narratif coïncie parfois avec un bouquin précédent, les particularités apportées aux situations et aux personnages achèvent de convaincre le lecteur. Lansdale est un esprit vif et drôle qui s’amuse à faire ressortir le pire de la race humaine, de le saupoudrer d’une bonne dose d’humour et d’une grosse part de violence, et on se retrouve plongé dans un excellent récit duquel on a du mal à décrocher.

Vous n’imaginez pas tous les secrets qu’il a pu cacher dans cette petite ville de Camp Rapture, mais allez y faire un tour, vous ne serez pas déçus!

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