Ab-normal Beauty (Oxide Pang, 2004)

Après avoir fait sensation en 2002 avec The Eye,  Oxide et Danny Pang ont poursuivi leur carrière en duo mais également en solo, Oxide se révélant plus prolifique que son frère. Avec Ab-normal Beauty, il persévère dans une veine aux frontières du fantastique, de l’horrifique et de l’onirisme qui se révèle très attractive.

Jiney (Race Wong) est une étudiante adepte de la photographie, qui va plonger au plus profond de ses pulsions secrètes après avoir assisté à un accident de la circulation. N’ayant pas pu résister à la tentation de prendre des clichés du drame, elle va peu à peu perdre le contrôle et se laisser aller à des actes morbides. Son amie Jas tente de la sortir de cette situation, mais Jiney semble dériver de plus en plus…

Oxide Pang pose les bases d’un récit très simple, qu’il va étayer par le développement de thématiques très intéressantes. En mêlant psychologie, art et fantastique, il invite le spectateur à une immersion totale dans la psyché de cette jeune femme tourmentée. Ab-normal Beauty s’avère être une oeuvre psychanalytique aux relents fantastiques très maîtrisée, nous plongeant dans l’univers désaxé de Jiney. La beauté picturale des plans est renforcée par un travail sonore très efficace, créant une atmosphère délétère très réussie. Oxide Pang privilégie les couleurs primaires qui créent un contexte dynamique en adéquation avec la passion de la jeune femme, ainsi qu’avec l’exploration de sa psyché. On peut sentir une filiation avec le travail pictural de Dario Argento, mais Oxide Pang use de ses propres codes, créant un film complexe qui fonctionne de bout en bout.

The Eye se posait clairement comme un film fantastique avec son récit surnaturel, tandis qu’Ab-normal Beauty utilise des éléments fantastiques pour raconter une histoire avant tout axée sur la psychologie de son personnage principal. La retranscription des affres de Jiney s’avère visuellement très forte, Oxide Pang faisant tout le long du film le lien entre l’inconscient et la fonction cathartique de l’art. Les traumatismes passés resurgissent à travers les travaux de Jiney, offrant une beauté profonde à son art. Oxide Pang maîtrise totalement cette descente infernale qui a des répercussions sur l’entourage de Jiney, et qui lie art et mort avec une grande intelligence. C’est également par son rythme très précis que ce film emporte l’adhésion, Oxide Pang usant d’un excellent sens du montage faisant ressortir toutes les tensions internes de la jeune femme, et créant un climat angoissant vraiment réussi.

Film méconnu dans la carrière du réalisateur, cet Ab-normal Beauty mérite d’être découvert, et se termine par une séquence très originale démontrant tout le savoir-faire et la force visuelle d’Oxide Pang!

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