J’avais vu il y a bien longtemps son 1er film, February, qui était un sympathique thriller en mode horrifique bénéficiant d’une atmosphère soignée, mais je n’ai pas vu le reste de sa filmographie. Oz Perkins signe son 4ème long métrage en 9 ans de carrière avec Longlegs, qui d’après les quelques images aperçues et les quelques retours que j’en ai eu, semblait lui aussi avoir eu droit à un traitement visuel qualitatif et s’ancrer dans une ambiance assez lourde et tendue. En s’appuyant sur la talentueuse Maika Monroe, ce récit à base d’enquête bien glauque sur fond de meurtres mystérieux se déroulant dans les années 90 parvient à maintenir un certain suspense, et se laisse apprécier grâce à la maîtrise de son auteur. La retranscription des Etats-Unis profonds dans les 90’s rappelle d’une certaine manière l’excellente saison 1 de True Detective, mais si Longlegs lorgne un peu dessus, il est tout de même loin de pouvoir rivaliser avec la série de Nic Pizzolatto (et de Cary Joji Fukunaga qui faisait des merveilles à la mise en scène!).
On sent un vrai amour pour le film de genre et pour sa personnalisation soignée, Longlegs s’établissant davantage comme un film d’atmosphère que comme un véritable thriller étouffant. Le personnage de Lee Harker n’est pas Clarice Starling, mais Maika Monroe lui confère une sorte d’ambivalence plutôt bien amenée, qui fait d’Harker une enquêtrice chevronnée mais qui semble également avoir des problèmes de sociabilisation, à la manière d’une surdouée capable davantage de dénouer les fils d’une trame criminelle que de se rapprocher des gens autour d’elle. On connaît Maika Monroe depuis le très bon Last Days of Summer, le génial The Guest et le très surcoté It Follows, et c’est un plaisir de la retrouver dans un rôle relativement éprouvant, avec lequel elle démontre une fois encore qu’elle mériterait d’être davantage reconnue. A ses côtés, on retrouve un acteur que vous avez forcément croisé dans les années 80, 90 ou 2000, puisque Blair Underwood a été à l’affiche d’oeuvres comme Bienvenue à Gattaca, Juste Cause, Deep Impact… Et en 2010, pour la petite anecdote, il a joué dans un film nommé I will Follow, peut-être une prémonition de sa rencontre avec Maika Monroe ? ^^
Lee Harker est une agent du FBI chargée de mettre en lumière des crimes s’étant déroulés sur plusieurs décennies, et qui ont vu des familles se faire décimer. La particularité est que c’est toujours un des membres de la famille qui a tué les autres avant de se donner la mort, mais des lettres cryptiques d’une personne située en-dehors du cercle familial sont à chaque fois retrouvées sur les lieux du crime… Quel est le lien entre ce mystérieux individu et les atrocités commises dans ces familles? C’est ce que va tenter de déterminer Lee Harker, lors d’une enquête qui va l’affecter très fortement…
Longlegs a surtout été vendu comme le nouveau film avec Nicolas Cage, et l’acteur polymorphe et jusqu’auboutiste a une fois encore hérité d’un rôle à sa démesure … Mais honnêtement, il n’est clairement pas l’élément le plus intéressant du film, car sa prestation située entre le Joker d’Heath Ledger et Marilyn Manson s’avère même plutôt gênante… Je pense qu’il est le plus gros défaut du film, et heureusement qu’on le voit finalement peu! Toute l’ambiance mise en place par Oz Perkins et travaillée également par Maika Monroe est très rapidement réduite à néant lors des quelques apparitions de Nic… Et si l’enquête s’avère intéressante à suivre, la résolution du film vient là aussi dynamiter la logique et la crédibilité de l’ensemble… Reste alors que l’on a tout de même apprécié la solide construction, avec son rythme lent et lourd, et les qualités visuelles de Perkins qui nous gratifie de cadrages travaillés et d’un sens graphique évident (par exemple, ce superbe plan dans la grange avec les lampes-torches répondant à la lumière filtrant à travers les 2 fenêtres). C’est juste dommage d’avoir fait un tel choix scénaristique pour expliquer l’ensemble, et là, Perkins ne peut s’en prendre qu’à lui-même, puisque c’est lui qui a rédigé le scénario ^^
Ce qui fonctionne durant la quasi-totalité du film est l’avancement effectué avec une certaine logique, et le basculement vers un choix que je trouve périlleux fait que l’on peut décrocher à la fin. Je ne vais pas vous en dévoiler davantage, je dirai juste que j’ai ressenti quelque chose de similaire lors de la lecture de L’Outsider de Stephen King. Ce bouquin qu’il a publié en 2018 était excellent dans sa première partie, et un certain choix scénaristique dans sa seconde partie a aussi fait que l’on perdait tout le crédit du début… Mais cela donne tout de même envie d’explorer davantage l’oeuvre d’Oz Perkins, car il reste un metteur en scène doué, capable de créer des atmosphères bien oppressantes. Et ça a été un plaisir de revoir Maika Monroe!