Point de Non-Retour (M.J. Arlidge, 2016)

Je vous avais déjà parlé de l’auteur anglais M.J. Arlidge l’an passé, à l’occasion de ma lecture de son très bon premier roman Am Stram Gram. Je reviens enfin vers lui après avoir laissé de côté son personnage fétiche, Helen Grace, et j’ai cette fois-ci découvert un recueil contenant 2 romans courts (novellas dans la langue de Shakespeare), terme définissant des textes dont la longueur est située entre la nouvelle et le roman. Publiées en 2016, ces 2 fictions nous permettent de remonter le temps, en se focalisant pour la première sur une jeune ado découvrant la dure réalité de la vie dans un foyer pour mineurs; et pour la seconde en mettant en scène une toute jeune Helen Grace dans ce qui est sa première enquête policière! Point de Non-Retour, suivi de Chasse à Mort, un programme de lecture très attractif et qui permet d’approfondir la connaissance de cet auteur qui risque bien de devenir addictif pour moi!

On a déjà vu ou lu pas mal de récits sur des centres pour mineurs s’apparentant à des prisons (on pense notamment à Dog Pound), et faire connaissance avec l’ado de 15 ans Jodie Haynes va pourtant nous permettre de plonger dans un récit bien plus captivant que la moyenne. Après avoir déjà été ballottée dans plusieurs établissements du même type, voici qu’elle se retrouve à Basingstoke, au foyer de Grove Street. Et on ne vas pas tarder à se rendre compte de l’atmosphère carcérale des lieux, due à la fois à la gentillesse des camarades de cellule, et à l’amabilité des gardiens de prison… De l’extérieur, Grove Street est un foyer tout ce qu’il y a d’ordinaire, se permettant même d’être très bien noté. Mais la triste réalité de ce qui s’y passe va mettre à mal le vernis trop mince de vertu de l’établissement…

Jodie Haynes débarque dans un monde où les règles sont à peu près similaires à celles de la jungle, et elle va avoir la chance de trouver une alliée dès les premiers jours. Une amitié dans un monde aussi pourri est probablement l’unique chance de tenir, face à la violence de ses « camarades ». Mais Jodie va rapidement se rendre compte qu’une menace encore plus grave plane sur elle, et elle va tout faire pour tenter de s’extraire de ce monde corrompu. M.J. Arlidge développe un récit frontal, qui va à l’essentiel, et qui paraîtrait presque froid s’il ne lâchait pas de temps à autre quelques saillies émotionnelles. On sent qu’il opère un mimétisme avec l’univers qu’il dépeint, et dans lequel se débat la jeune Jodie. On est rapidement happé par ce récit et pris d’incrédulité en découvrant les exactions commises dans cet antre, et on craint réellement pour la survie de cette gamine pourtant débrouillarde. Avec Point de Non-Retour, l’auteur signe une fiction intense bénéficiant d’une belle acuité, et démontre un savoir-faire réel dans le domaine du suspense!

Avec Chasse à Mort, Arlidge nous propose de revenir aux sources de son personnage d’Helen Grace, la femme flic héroïne d’Am Stram Gram. Affectée au sein de la police des transports à Totton, elle apprécie énormément le fait de pouvoir patrouiller à moto toute la journée, et de revêtir un uniforme et un casque qui lui permettent de masquer son identité et d’être un simple rouage de l’ordre. Traînant un passé difficile, elle apprécie de pouvoir se sentir anonyme au sein de sa fonction. Mais sous cette volonté de disparaître, se cache de très grandes capacités d’enquêtrices, et elle va malgré elle être confrontée à une affaire de trafic humain aussi étendu que terrible.

Dans cet autre récit, Arlidge use des mêmes capacités littéraires d’aller à l’essentiel tout en étant passionnant, et on va être pris dans l’enquête d’Helen sans même s’en rendre compte! Entre une hiérarchie irritante et la rencontre avec un autre service bien plus engageant, Helen va se retrouver entre 2 chaises entre sa véritable fonction et une possible nouvelle affectation, mais qui pioche pour le moment sur son temps libre. Mais quand il s’agit de mettre en lumière la mort violente d’un jeune clandestin africain, elle ne va pas compter les heures… Entre l’inhumanité de certains et la propension à aider son prochain des autres, ce roman court va nous faire osciller entre plusieurs points de vue bien antinomiques, et entre espoir et désespoir, en nous racontant une triste histoire qui prend racine dans une triste réalité, et dont l’argument romanesque n’est là que pour pour souligner la folie humaine. Dans cette première enquête, Helen Grace prouve sa ténacité et ses valeurs, et on assiste à la naissance d’une très grande enquêtrice!

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