Aftermath est un cas d’école très intéressant dans le genre du cinéma horrifique, puisqu’il va offrir des sentiments assez contradictoires. Très souvent dans les films de possession ou les home invasion, il est difficile de réussir à finaliser le récit, et Aftermath offre en effet une fin franchement ratée… Mais toute la construction précédente bénéficiant d’un soin très particulier, il est difficile de condamner ce film parce qu’il manque son dernier virage! Il y a malheureusement une constante dans cet état de fait, et on ne compte plus les oeuvres qui se vautrent dans leur phase explicative tournant au ridicule…
Peter Winther est surtout connu pour son travail en tant que producteur, ayant participé à Stargate : la Porte des Etoiles, Independance Day : le Jour de la Riposte, Godzilla, The Patriot : le Chemin de la Liberté (tous pour Roland Emmerich donc), mais il a à son actif une poigné de séries B horrifiques sans prétention, et vient compléter sa filmo avec cet Aftermath à l’atmosphère bien travaillée et aux personnages très intéressants. Il va en effet oeuvrer avec la scénariste Dakota Gorman pour rédiger un script mettant en avant les failles d’un couple tentant tant bien que mal de se reconstruire. Une grande partie du film traitera de leurs problèmes, et on assiste donc à une sorte de drame intimiste très bien écrit, et en plus très bien joué. Ashley Greene est connue pour avoir participé à la saga Twilight, et l’excellent Shawn Ashmore est clairement un acteur sous-exploité, qui avait notamment incarné Iceberg dans la saga X-Men, ou qui a encore joué dans le très bon Frozen (non, rien à voir avec Elsa et Anna!).
Les 2 acteurs offrent une belle sensibilité à leurs personnages, et on ressent avec eux toutes les étapes difficiles par lesquelles ils passent. La volonté de refaire confiance, la peur d’être trahi, ce mélange incessant entre tout cela… Le traitement s’avère très réaliste et sincère, et on sent que les acteurs endossent leurs rôles avec beaucoup de sérieux. Le duo fonctionne vraiment bien et on ressent toutes leurs hésitations et leurs espoirs mêlés, créant des séquences intimistes fortes. Et par-dessus ces problèmes affectifs, viennent se greffer d’autres soucis, bien plus mortels…
Afin de redonner un second souffle à leur couple, Natalie et Kevin vont déménager dans une immense maison, qu’ils n’auraient pas pu se payer en temps normal, mais dont la valeur a chuté car des meurtres y ont été commis. En faisant abstraction du passé de la bâtisse, le jeune couple découvre un endroit luxueux, parfait pour se rapprocher à nouveau. Mais des éléments étranges vont peu à peu venir perturber leur quotidien, et une présence hostile va se manifester de plus en plus violemment… Peter Winther appose une belle gradation à son récit, qui s’inscrit dans la veine du film de maison hantée avec efficacité. Un des aspects intéressants est que l’on se trouve non pas dans une vieille bicoque gothique, mais dans une maison très moderne, ce qui donne une autre tonalité au genre. on a par exemple des jeux avec les variations de température qui sont intéressants, ou un travail sur l’espace qui est là aussi traité avec soin. La mise en scène s’avère fluide et efficace, et on se retrouve de plus en plus impliqué dans ce récit bien angoissant, dont on ne parvient pas à comprendre les causes.
L’incompréhension par rapport aux événements bizarres ayant lieu dans la maison va avoir un impact sur leur couple, déjà bien fragilisé par leur passé, et il va être très intéressant de voir comment Natalie et Kevin vont tenter de gérer à tous les niveaux. Leur confiance étant déjà bien ébranlée, ils vont tout de même essayer de se croire l’un l’autre afin de comprendre ce qui se déroule dans leur maison, même si par moments ils doutent de ce qu’ils ont pu voir ou entendre… Peter Winther va instiller une peur bien efficace en travaillant justement sur les sons perçus, et sur leur proximité avec les protagonistes. Sa mise en scène va permettre de donner libre cours à cette angoisse tapie dans la maison, et on va suivre ce film avec de bons frissons!
Peter Winther va nous livrer quelques visions bien cauchemardesques, mais l’ensemble reste au final assez suggestif, et est suffisamment bien traité pour que le stress grimpe bien! Quel dommage pour le coup que cette fin soit si basique et ratée… Tout le reste du film propose une très belle plongée dans ces peurs nocturnes, et ne méritait pas une telle explication… Mais l’ensemble est tellement solide durant tout le reste, que l’on pardonnera plus facilement cette sortie de route à la fin!