House of X/Powers of X 4

Dernier numéro de la saga qui va chambouler l’univers mutant chez Marvel! Et le résultat s’avère au final bien moins passionnant que Secret Wars… J’en attendais peut-être beaucoup, au vu de ce que Jonathan Hickman avait été capable de créer avec son événement cosmique il y a 5 ans… En terme de complexité, le scénariste est toujours aussi efficace, mais l’ensemble s’avère moins digeste, et parfois un brin prétentieux…

On termine donc cette saga ambitieuse avec 2 épisodes de Powers of X et 1 de House of X, et la lecture n’est pas désagréable, mais il manque quelque chose d’essentiel pour vraiment adhérer à cet événement. Je pense que c’est avant tout la grande froideur qui s’en dégage, car on ne parvient à s’attacher à aucun personnage, le concept même de la mise en place de cet état-nation mutant étant traité avec énormément de calculs, transformant l’idéal noble et naïf du Professeur Xavier en un chantage très sournois… Voir bifurquer les Mutants vers une position plus radicale n’est pas en soi un problème (on se souvient du basculement des Nouveaux Mutants vers X-Force), mais chacun semble être d’accord avec tous les points de Xavier sans que cela pose le moindre problème. Et le seul qui s’y retrouve opposé, Dents-de-Sabre, n’a pas les capacités de lutter…

On assiste donc à un glissement tout simplement totalitaire pour la mutanité, et tous les Mutants acceptent cela. C’est ce basculement global qui me gêne, car il n’a rien de réaliste. Voir des héros et vilains assis à la même table après des décennies de lutte, ça peut encore passer, mais avec une telle facilité, c’est finalement déconcertant. Peut-être qu’Hickman apportera des éclaircissements avec Dawn of X, la suite de cette saga initiale… Mais l’intérêt est bien retombé, et je ne suivrai pas ce nouvel ordre mutant.

Je parlais de la complexité scénaristique d’Hickman, élément qui lui permet de pousser des concepts très loin et de rapprocher ses comics de romans tels que ceux d’Isaac Asimov. Hickman offre une portée visionnaire s’étalant sur des millénaires, et à travers 3 âges bien distincts, nous raconte le passé, le présent et un futur possible pour les descendants des X-Men. Son souci du détail dans l’élaboration de ces schémas vertigineux a de quoi susciter l’admiration, même si la contrepartie est parfois de perdre un peu le lecteur. Mais un tel foisonnement thématique est brillant, et confère une dimension globale impressionnante à son récit. La discussion entre Xavier et Forge au sujet de la sauvegarde des esprits de tous les mutants, défi à la fois technologique, éthique et quasi-métaphysique, pose autant de questionnements qu’il pourrait en résoudre. Les réflexions ont rarement été aussi profondes quant à la nature même des super-héros, et Xavier parle carrément de faire des copies de toute une espèce afin de la préserver de la mort!

Hickman s’avère très bon dans ses dialogues, et on est évidemment pris par l’ampleur du projet. Les quelques discordances sont très vite balayées (le dialogue entre Xavier, Magnéto et Emma Frost est à ce titre très rythmé et chargé d’enjeux), mais certains aspects s’avèrent une fois encore très abscons, c’est le cas notamment avec cette entité Phalanx cherchant à assimiler les populations d’une planète. On atteint ici un niveau très asimovien, et il faut s’accrocher pour suivre… La catégorisation des types de sociétés futuristes, avec une nomenclature très précise, donne le tournis, quand on parle de sociétés composées de foyers galactiques! Hickman a vraiment eu toute liberté artistique sur ce projet, et se plaît à y incorporer des données multiples qui donnent le tournis!

Je reviens sur le traitement de Dents-de-Sabre, qui est clairement digne des pires leaders que la Terre ait portée… La simplicité avec laquelle la totalité de ce nouveau gouvernement accepte la sentence fait littéralement froid dans le dos, surtout quand on voit des individus comme Jean Grey, Tornade ou Diablo y siéger! Jouer avec la vie d’autrui ne fait clairement pas partie du rêve mutant initial de Xavier, et ce nouveau gouvernement a vraiment tourné le dos à cette vision de son idéal… Pepe Larraz et R.B. Silva s’avèrent toujours aussi talentueux pour mettre en images les idées d’Hickman, et la partie graphique compense par moment les digressions métaphysiques  de l’auteur… Ce plan magnifique d’un Wolverine et d’une Moira futuriste est de toute beauté!

L’avenir s’annonce bien sombre pour les Mutants, et par extension pour l’univers Marvel entier! Je suis curieux de connaître les répercussions de ce nouvel état-nation situé sur Krakoa, même si je suivrai ça de loin! ^^

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