Les thrillers à la française, ça sent souvent le copié-collé à l’américaine sans la saveur originale, et c’est ce que je craignais en découvrant ce Balle perdue, 1er long métrage de Guillaume Pierret. Mais on est finalement loin d’une énième bessonerie, et passé un temps d’acclimatation et l’acceptation d’un manque de charisme pour certains personnages, le film prend de l’ampleur et brode autour d’un récit simple pour nous donner une version du film de genre à la française qui s’avère bien plus nourrie que ce que l’on pensait au départ!
On doit à Guillaume Pierret un court métrage et une poignée de sketchs pour Golden Moustache, et c’est donc avec Netflix qu’il fait ses premiers pas dans le long. Il s’entoure d’un casting intéressant avec Alban Lenoir, Nicolas Duvauchelle, Pascale Arbillot et Ramzy Bedia. C’est plutôt étonnant de voir Ramzy dans ce registre… C’est clairement Alban Lenoir qui ressort du lot, avec un rôle brut dans lequel il s’investit à fond mentalement et physiquement! Si cette histoire de repris de justice à qui on donne une seconde chance est classique sur le papier, c’est surtout dans le traitement qu’en fait Guillaume Pierret que résident les belles saillies qui vont étonner le spectateur. On part d’un récit simple qui va être agrémenté d’un habillage visuel très intéressant, et on va monter en puissance tranquillement, au gré de séquences qui dénotent littéralement dans le paysage cinématographique français!
La scène du commissariat est celle qui va nous démontrer que Pierret n’est pas là pour enfiler des perles, mais qu’il est bien capable d’apposer une signature caractéristique. On assiste à un combat d’autant plus percutant que l’on ne s’attendait pas à ça, et Alban Lenoir paye de sa personne pour donner un réalisme confondant à l’ensemble, aidé par des partenaires de baston qui eux non plus ne lésinent pas sur les efforts! On n’est peut-être pas dans The Raid, mais Pierret maximise à fond les impacts de cette séquence, grâce à des chorégraphies innovantes et une mise en scène épurée et fluide qui rend hommage au travail des acteurs-cascadeurs! C’est tellement rare d’assister à ce genre de scène dans un film français, et il surpasse largement une quantité de films ricains également! Pierret est très attentif à l’impact optimal des coups portés, et le résultat est franchement bon!
On va de temps à autre retomber dans des ornières un peu plus artificielles, notamment dans l’avancée de l’intrigue, mais il y a régulièrement des séquences qui vont nous faire croire que le film de genre à la française est possible! Guillaume Pierret nous livre notamment une scène franchement mémorable se déroulant sur l’autoroute, bénéficiant d’une vraie inventivité et là encore, d’un impact bien violent et percutant! Sa gestion de l’espace et de la vitesse est impressionnante, et cette scène est une pièce maîtresse de son film, avec encore une fois une maîtrise totale de l’impact et un sens graphique qui frappe fort!
Balle perdue est une très belle proposition dans le paysage cinématographique français, qui n’échappe donc pas à certaines scories, mais qui s’avère étonnant dans sa maîtrise visuelle, permettant de se hisser au-dessus des standards du genre. Guillaume Pierret, un nom à suivre!!!