AMC aura frappé un énorme coup avec la production de Breaking Bad, qui est sans conteste l’une des meilleures séries télévisées. L’impact du show de Vince Gilligan perdure encore aujourd’hui, et a relevé la barre pour tous ceux qui ont suivi. 6 ans après l’ultime épisode de cette saga complètement dingue, voici que débarque un film qui entend prolonger l’aventure. Le doute et les craintes étaient nombreux, car on avait déjà vu ce qu’avait donné l’extension Better call Saul… Ce El Camino : un Film Breaking Bad méritait-il de voir le jour?
Evidemment, on va méchamment spoiler la série, puisque Vince Gilligan nous entraîne dans la suite directe du dernier épisode de la saison 5. Jesse Pinkman est parvenu à échapper à ses geôliers grâce au sacrifice de Walter White, et il s’est enfui au volant d’une superbe El Camino, celle qui donne son nom au film, et qui en parallèle renvoie au chemin traversé par Jesse. El Camino, le chemin, n’aura pas été de tout repos pour lui, et la fuite en avant va encore lui réserver des émotions fortes et des instants critiques…
On se retrouve pris dans cette spirale infernale qu’il ne connaît que trop bien, cette suite de situations qui vont mal tourner, le concept même de Breaking Bad quoi! Tout est une question de choix, ses choix à lui, mais également les choix des protagonistes qu’il va croiser, et ce mélange d’ambitions et d’egos va forcément s’avérer explosif. Jesse a besoin d’argent pour s’offrir un nouveau départ, et c’est le personnage de Todd, initialement vu dans la série, qui va lui offrir une ouverture. On va naviguer entre présent et flash-back pour tenter de comprendre comment se sont déroulés les événements, et Vince Gilligan rédige un script s’inscrivant parfaitement dans la continuité. L’histoire avec Todd est crédible et va encore intensifier la situation dramatique dans laquelle se trouvait Jesse à l’époque. Complètement paumé, à la merci de ses bourreaux, il n’a même plus la force ou l’espoir de s’en sortir…
C’est un homme brisé qui s’est échappé, une bête traquée par la police, qui doit tenter de survivre et de fuir vers une nouvelle vie. Aaron Paul se remet dans la peau de Jesse avec une aisance impressionnante, et il nous refait une composition des plus abouties. Viscéral, abattu, totalement à cran, Aaron Paul est brillant dans ce rôle emblématique, auquel il doit beaucoup, et c’est un vrai plaisir de le retrouver! A ses côtés, on va recroiser quelques figures apparues dans le show, et là encore, l’aspect nostalgique fonctionne bien. Gilligan ne se contente pas de faire plaisir aux fans, il crée un récit solide s’inscrivant dans la mythologie de la série, et il le fait vraiment bien.
Sa mise en scène est toujours aussi affûtée, replaçant toujours ses personnages dans leur environnement. Tels des animaux sauvages, ils sont conditionnés par leur habitat, et Gilligan souligne cette importance en prenant en compte les décors dans lesquels ils évoluent. Qu’il s’agisse des abords d’un lac, d’une ruelle sombre ou d’une route perdue, Gilligan filme toujours de manière à ce que l’on sente le poids de l’environnement, l’individu étant bien petit face à cette immensité. Un plan aérien, une contre-plongée, un glissement temporel en filmant un toit… Gilligan gère sa partition avec une maîtrise impressionnante!
El Camino : un Film Breaking Bad est davantage un épisode supplémentaire qu’un film, s’inscrivant réellement dans la continuité des événements de la série. En ce sens, il propose de découvrir les événements immédiats ayant suivi le dernier épisode, en soulevant également quelques pans du passé, et en offrant un récit bien stressant et tendu! Ce film ne va pas révolutionner la série, et ne peut évidemment pas avoir le même impact, vu que le traitement ne dure que 2 heures. Mais il est un très beau cadeau pour les fans du show mythique, permettant de faire un dernier tour de piste aux côté de Jesse, et de retrouver une ultime fois les sensations que l’on adorait ressentir à l’époque!