Vaticanum (J.R. Dos Santos, 2016)

Avec ce 8ème roman consacré au personnage de Tomas Noronha, J.R. Dos Santos va nous mener dans un des lieux les plus secrets et pourtant les plus réputés au monde, le Vatican. Comme bon nombre de ses romans ont toujours tourné autour de la religion, il fallait bien qu’un jour il s’attaque frontalement à la plus grande institution catholique du monde! C’est chose faite avec Vaticanum, qui va sonder les arcanes du pouvoir et les sombres mystères nichés dans ce lieu emblématique!

En mission sur des fouilles archéologiques dans les sous-sols du Vatican, afin de retrouver la trace des ossements de Saint-Pierre, l’historien Tomas Noronha va se retrouver propulsé dans une enquête inattendue quand un cambriolage a lieu au Vatican. Des documents secrets ont été dérobés, et les personnes ayant perpétré ce méfait semblent bien déterminés à poursuivre leurs exactions… Une menace très sérieuse plane sur le Saint-Siège, et le Pape lui-même craint que les anciennes prophéties se concrétisent, amenant la chute de la religion catholique! Lors d’un entretien très sérieux avec le Saint-Père, Tomas va essayer de comprendre à quel point ces vieux récits peuvent être vrais, et il va essayer de rassurer le Pape en usant de sa vision cartésienne. Mais l’homme redoute le terrible Mal qui va s’abattre sur la cité…

Et il n’a pas tort, car un terrible événement va alors avoir lieu, et cela va être le début d’une course contre la montre pour Tomas, afin que le monde ne chute pas dans une guerre totale! Il va être aidé par l’analyste financière Catherine Rauch, une Française qui comme dans tous les bouquins de Dos Santos, est un personnage féminin séduisant, à laquelle Tomas ne sera encore une fois pas insensible. Mais l’enquête est prioritaire, et il va devoir fouiller dans les archives afin de comprendre le fonctionnement du Vatican, et plus particulièrement de sa banque, l’I.O.R., l’Institut pour les Oeuvres de Religion. Cette enquête va être un prétexte pour démontrer à quel point la corruption gangrène le Vatican depuis très longtemps, et quand on apprend que la Cité est un des 10 lieux les plus prisés en matière de blanchiment d’argent, il y a de quoi remettre en question toute la crédibilité de la religion elle-même…

J.R. Dos Santos va commencer à sortir des rapports sur les connivences avec les industries du tabac, alors que le Vatican est censé lutter contre tous les produits pouvant causer la mort! Mais l’appel de l’argent est le plus fort, et le business mis en place pour la vente de cigarettes au Vatican est une source de revenus très importante (C’est le Pape François qui en 2017 décidera d’arrêter la vente de cigarettes au Vatican, dans le magasin duty free qui évidemment enregistrait des ventes très importantes. Les cigares eux sont toujours en vente…) Plus on va avancer dans le bouquin, plus on va découvrir le fonctionnement opaque de l’I.O.R. et les relations malsaines avec divers groupes extérieurs, et on va tout simplement se rendre compte qu’aussi juste que se veut cet état, il est tout aussi corruptible qu’un autre… Alors oui, il y a une certaine naïveté dans la manière dont Tomas découvre tout cela, et les dialogues avec Catherine sont parfois un peu exagérés, car on se doute très rapidement des conclusions vers lesquelles on va aller, mais chacun des personnages tente de défendre sa paroisse si je peux dire, et du coup ça prend quelques pages supplémentaires avant d’avouer ce qui se trame là-bas…

Comme de coutume dans ses romans, toutes les informations historiques sont réelles, et Dos Santos s’appuie donc sur des faits établis afin de proposer une conclusion qui tient la route en tenant compte de tous les éléments pré-cités. Ainsi, quand on se pose la question de savoir comment un tel système économique qui est tout simplement criminel a pu perdurer aussi longtemps, il faut revenir à la mort suspecte du Pape Jean-Paul Ier, après un court règne de 33 jours… Sa mort a bien évidemment été bénéfique pour de nombreuses personnes, et Dos Santos va tenter d’y voir plus clair en analysant cela. C’est au final à partir de cet élément que le livre devient vraiment intéressant, et c’est bien dommage car pendant une majeure partie du bouquin on fait des découvertes importantes mais pas aussi captivantes que d’habitude, et ce n’est qu’à l’approche de la fin du roman que cela devient palpitant.

J.R. Dos Santos expose des faits qui ne sont pas forcément totalement connus du grand public, mais dont on avait toutefois déjà pu entendre parler, c’est le cas avec la gestion totalement opaque de la banque du Vatican. Mais c’est quand on se rend compte que les instances les plus hautes n’ont pas forcément de pouvoir pour contrer cela que les révélations deviennent vraiment intéressantes, et voir la différence entre un Jean-Paul Ier et un Jean-Paul II est saisissante! Ce dernier en prend pour son grade, et on découvre à quel point il s’est investi dans sa croisade contre le communisme. Vaticanum n’est donc pas le meilleur bouquin de Dos Santos, mais est une lecture assez documentée pour être intéressante. L’argument romanesque est quant à lui un peu abusé, mais il a le mérite d’offrir une histoire qui finalement pourrait s’avérer réaliste! Après, voir Tomas lutter contre des méchants comme il le fait, on va dire qu’il a quand même beaucoup de chance de s’en sortir indemne! Par la grâce de Dieu peut-être? ^^

Après, on pourra regretter que l’auteur ne fasse qu’une demi-percée dans cet antre, en ne traitant notamment pas les terribles affaires de pédophilie qui gangrènent tout autant ces hautes instances… Et concernant le fonctionnement de l’I.O.R., de grandes avancées ont eu lieu depuis 2016, avec une volonté de transparence qui commence à porter ses fruits, ce qui est là encore une avancée due au Pape François.

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2 réponses à Vaticanum (J.R. Dos Santos, 2016)

  1. Cédric_Rousset dit :

    Je n’ai absolument pas entendu parler de ce roman. Il m’a l’air vraiment captivant. D’ailleurs, je trouve qu’un réalisateur aurait pu en faire une adaptation cinématographique, car l’intrigue recèle tant d’informations intéressantes.

  2. Wade Wilson dit :

    Je pense que Dos Santos aura droit un jour à une adaptation, après ça restera un exercice difficile car l’intérêt réside davantage dans les recherches et révélations effectuées que dans la trame dramatique. Mais si tu aimes les romans à la Da Vinci Code, ça devrait te plaire!

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