Sorti en toute discrétion début 2018, ce film mérite pourtant d’être découvert car il offre un regard prenant sur un personnage vivant en marge, interprété par un excellent Franck Gastambide! Si on est habitué à voir l’acteur-réalisateur en mode comique (Kaïra Shopping, Les Kaïra, Pattaya, Taxi 5), il faut lui reconnaître un talent dans le genre dramatique (on l’a notamment croisé dans le film-choc Made in France), et il endosse le rôle principal de La Surface de Réparation avec une facilité déconcertante. Ce personnage nommé Franck gravite autour du club de foot de Nantes, motivant les jeunes joueurs du centre de formation, les surveillant pour qu’ils ne fassent pas de faux pas, essayant de faire entendre sa voix pour aider les plus talentueux. Il est en quelque sorte un homme de l’ombre, qui n’est pas directement affilié au club, mais qui passe ses journées à travailler pour le FC Nantes de manière détournée.
Son entente avec le dirigeant du club (incarné par Hyppolite Girardot) est celle d’un homme presque soumis, qui va se plier à toutes les exigences, même quand il s’agit de retrouver un joueur à 3 heures du matin. Franck est le type qui évite les scandales, qui ramène les joueurs bourrés, et qui vit 24 heures sur 24 au rythme du club. Franck Gastambide va incarner avec talent cet homme blessé, dont ce club est l’unique port d’attache, et qui serait totalement perdu sans cette fonction pourtant floue et aléatoire qu’il occupe. Le patron du club s’en sert allègrement, et on va peu à peu comprendre pourquoi Franck se complaît dans cette existence par procuration. Le déclencheur va être la rencontre avec Salomé (Alice Isaaz, vue dans La Crème de la Crème et Un Moment d’Egarement), une jeune femme vénéneuse qui elle aussi se complaît à graviter autour des joueurs de foot, de manière plus intéressée. Une étrange relation va se nouer entre les deux, et de vieilles plaies vont se rouvrir, obligeant Franck à prendre certaines décisions pour arrêter de stagner.
Pour son premier film, Christophe Régin surprend par la qualité de l’atmosphère insufflée à son récit. On baigne dans une ambiance nocturne prenante, en découvrant les coulisses peu reluisantes de ce monde sportif qui ressemble à celui du showbiz. Franck fait son taf avec une vraie conviction et une motivation parfois supérieure à celle des joueurs, et il prend son rôle très à coeur en voulant donner leur chance aux jeunes recrues. On sent un mélange de déception et d’espoir, qui le pousse à agir constamment pour les intérêts du club. Mais certaines décisions des dirigeants sont totalement contraires à ce qu’il souhaite, ce qui va gripper ses relations avec le patron. Sa relation avec Salomé va elle aussi le forcer à ouvrir les yeux sur sa condition, sur ses failles et sur ses envies.
La Surface de Réparation est un film qui dépeint une réalité terne dans laquelle se débat un homme perdu, qui a peut-être une possibilité d’enfin reprendre le contrôle de sa vie. Franck Gastambide est excellent dans ce rôle difficile, nous présentant un Franck à la fois distant et captivant, capable de contrôler ses émotions durant toute une vie, mais pouvant craquer pour une décision qui ne le concerne pas. Il y a une vraie profondeur dans ce personnage, et Christophe Régin va le faire ressortir de très belle manière grâce à une mise en scène immersive et une narration très réussie. On plonge dans ce film en ayant vraiment envie de comprendre pourquoi il en est arrivé là, et comment il va pouvoir s’en sortir. Cette tranche de vie en marge de la société constitue un très bon film!
Coucou,
Franck Gastambide est mon acteur et réalisateur préféré, car il est si drôle. J’aime beaucoup « La surface de réparation », mais mon coup de cœur cette année reste « Taxi 5 ».
Je ne le connais vraiment pas bien de Gastambide, je ne l’ai vu que dans 2 films, et chaque fois des drames ^^