Eloge de la Faiblesse (Alexandre Jollien, 1999)

Personne n’aurait parié à son jeune âge qu’Alexandre Jollien puisse devenir un philosophe renommé! Né handicapé moteur, il passera 17 ans dans une institution spécialisée, afin d’apprendre à maîtriser les gestes du quotidien et à gérer son propre corps. La vie en autarcie n’est pas des plus faciles, mais les franches amitiés qu’il développe avec ses camarades eux aussi touchés dans leur chair, lui apporteront beaucoup de réconfort. Et la découverte des philosophes sera déterminante, lui permettant de développer une perception différente de sa vie.

Eloge de la Faiblesse est son premier livre, et se lit comme une conversation entre lui-même et Socrate! Ce choix s’avère très judicieux, car ce récit autobiographique va alors délivrer son message de vérité à travers une analyse opérée par les 2 hommes. 2 philosophes dialoguant à travers le temps, dans une sorte d’intemporalité poétique, afin de revenir sur la dure réalité des jeunes années d’Alexandre… L’auteur se sert d’une approche totalement irréaliste, pour nous plonger dans sa propre réalité de vie, en nous racontant sans détours ses expériences, ses peurs, ses joies et ses combats permanents. Alexandre a dû lutter pour se faire sa place dans l’institut, mais aussi en-dehors lors de sa sortie, et il est passé par bien des difficultés… Eloge de la Faiblesse est une belle preuve d’espoir, dans un monde où le conformisme de la normalité offre très peu de place aux handicapés…

Alexandre Jollien manie sa plume avec humour et émotion, nous racontant sans fard toutes ses difficultés, et nous expliquant comment il a pu développer sa personnalité grâce à l’humour et à la philosophie. Jeter un regard bienveillant et extérieur à soi, afin de bien comprendre ce que l’on est, et de saisir les opportunités que l’on ne décèle pas si on reste plongé dans le désespoir… L’auteur parvient souvent à émouvoir, en racontant des anecdotes où il a été aidé par des camarades eux aussi touchés physiquement et moralement, et qui par un simple geste, exprimaient un amour tout ce qu’il y a de plus pur. Comme il l’explique, la vie dans cette institution était coupée du monde, et ses occupants ne s’embarrassaient pas de tous les codes sociaux du monde de dehors…

Ce qui a rendu la sortie d’autant plus délicate, avec la découverte de toutes ces nouvelles obligations. L’exemple le plus frappant est certainement celui où il va enlacer une jeune femme car il l’aime beaucoup, mais ce qui n’est pas toléré par les conventions. Il va se sentir extrêmement gêné par cette situation, et va se rendre alors compte de tout l’apprentissage qu’il va devoir faire pour appréhender ce monde extérieur. Un sacré défi, qu’il relèvera à force de combativité positive, toujours aidé par les différents philosophes qui l’accompagnent depuis toutes ces années… Socrate, Aristote, Démocrite, etc… Ils ont été à travers leurs livres une aide véritable pour Alexandre, et en rédigeant ce bel ouvrage, il tient à apporter lui aussi, à sa manière, une vision positive qui pourra être relayée…

 

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