Barefoot fait partie de ces films totalement inconnus qui représentent une bouffée d’oxygène dans un milieu cinématographique souvent encombré d’oeuvres trop calibrées et qui ne laissent pas la place à la légèreté. Andrew Fleming est un metteur en scène qui a connu quelques succès dans le teenage movie durant les années 90 avec Deux Garçons, une Fille, trois Possibilités ou Dangereuse Alliance, et il a continué à oeuvrer de manière discrète entre le monde du cinéma et de la télévision. Son Barefoot est donc sorti sans grand tapage, et ce qui pourrait apparaître comme une énième bluette sans consistance s’avère être une vraie belle surprise pleine de fraîcheur!
Quand Jay rencontre Daisy, ça donne un face-à-face plein d’humour entre un loser en pleine conditionnelle et une pensionnaire d’asile psychiatrique, deux être en marge de la société qui ne parviennent ni à y trouver leur place ni à même espérer que la roue tourne un jour. Mais par un concours de circonstances un peu dingue, Jay va devoir se coltiner la naïve Daisy, et va échafauder un plan en l’emmenant au mariage de son frère. L’occasion de se présenter sous un beau jour à son père qu’il n’a pas vu depuis longtemps, afin de lui demander un peu d’argent pour se remettre à flot… Mais c’est sans compter sur la totale ingénuité de Daisy, qui dans toute sa belle innocence ne va pas manquer de mettre les pieds dans le plat…
Scott Speedman n’est pas un des acteurs les plus bankable, mais depuis Underworld ou The Strangers, il a gagné en maturité et en présence, et son look à la Hugh Jackman lui donne une certaine prestance dans le rôle de Jay. La ressemblance physique avec Jackman est plutôt impressionnante, mais Speedman donne à Jay une personnalité qui lui est propre, et ce loser pas vraiment méchant devient attachant. Face à lui, Evan Rachel Wood, qui de Thirteen à Charlie Countryman n’est pas non plus la plus connue des actrices, se glisse dans la peau de Daisy avec une aisance déconcertante, et dépeint une jeune fille tourmentée emplie d’une naïveté touchante. La rencontre entre le beau gosse un peu escroc et la belle ingénue va faire des étincelles…
La combine de Jay va rapidement devenir pesante, puisque le personnel de l’hôpital psychiatrique se lance rapidement à la recherche de la jeune femme. Et quand Jay la présente à sa famille comme sa petite amie, cela va déclencher quelques situations plutôt savoureuses! La jeune femme est restée cloîtrée dans son univers hospitalier depuis son enfance, ses connaissances des coutumes sociales sont donc tout simplement inexistantes, ce qui va donner lieu à quelques scènes bien drôles! Le repas de famille avec la présentation au père est très sympathique, avec quelques réparties de Daisy qui n’hésite jamais à dire ce qu’elle pense vraiment!
Jay et sa belle naïve vont ensuite sillonner le pays à travers un camping-car « emprunté », et ils vont se retrouver dans des situations délicates, notamment avec les forces de l’ordre. Mais Daisy ne perd pas son sang-froid, et le tandem va peu à peu se rapprocher et se découvrir. Chacun va essayer de comprendre ce qui motive l’autre, et Jay va parfois être dérouté par la grâce touchante de sa compagne d’infortune, qui n’a pas son pareil pour mettre le doigt sur ses faiblesses… Avec Daisy, il va être obligé de se remettre en question et de faire le point sur sa vie, sur ses actions passées et ce qu’il souhaite pour son présent. Mais pour cela, il devra aussi réussir à convaincre le psy, les flics et sa famille qu’il n’a pas kidnappé la jeune fille!
Barefoot est le remake de Barfuss, un film allemand réalisé par l’acteur Til Schweiger, sorti en 2005. Le scénariste Steven Zotnowski a travaillé sur les deux versions, et nous livre ici un script mélangeant douceur et drame avec une belle aisance, et le film oscille entre moments drôles et touchants avec beaucoup de tact. Scott Speedman et Evan Rachel Wood portent ce beau film avec beaucoup de conviction, et font de cette comédie sentimentale un vrai moment pétillant et prenant. A leurs côtés, on retrouve les éternels seconds rôles Treat Williams en père de famille et J. K. Simmons en psy, et ils renforcent toute la belle énergie que dégage ce film. Andrew Fleming surprend en réalisant cette oeuvre sortie de nulle part, et qui mérite largement d’être découverte!