Ultimates 1

Je vous parlais il y a peu de l’excellente série Miles Morales : Spider-Man, qui prenait place sur la Terre-1610, un univers parallèle au monde Marvel habituel. Dans cet univers également appelé Ultimate, de nombreux super-héros ont vu leurs origines remaniées, dans le but d’ammener un nouveau lectorat en se débarrassant de la continuité acquise depuis 1961. C’est en 2000 que cette nouvelle branche est créée par Bob Harras, Joe Quesada et Bill Jemas, et les premières séries à paraître sont Ultimate Spider-Man et Ultimate X-Men, suivies en 2002 par Ultimates, qui n’est autre que la version des Avengers de cette terre parallèle!

Je m’attendais à une réinterprétation tranquille de la plus grande super-équipe du monde, mais j’aurais du me méfier en voyant le nom de Mark Millar associé au projet! L’auteur britannique est le maître d’oeuvre de l’excellente saga Civil War (et le créateur des Marvel Zombies!), et il est donc très doué pour développer des récits au sein desquels les protagonistes sont nombreux. Il avait déjà travaillé sur Ultimate X-Men, et sa relecture des Avengers en mode Ultimate s’avère bien plus savoureuse que ce à quoi je m’attendais! Très souvent, les versions alternatives Marvel se contentent de dupliquer les personnages avec les mêmes traits physiques et des caractères semblables. Mais ici, Millar parvient à surprendre en amenant des modifications très importantes pour ces super-héros, dont on découvre des pans étonnants et surtout absents chez leurs homologues de l’univers classique! Mark Millar se fait réellement plaisir et on sent qu’il a eu une très grande liberté dans l’élaboration de sa team!

Visuellement, on ne voit pas de changements majeurs puisque les membres fondateurs des Ultimates sont Iron Man, Hulk, Ant-Man, la Guêpe, Captain America et Thor, soit la même composition que l’équipe originelle (avec Cap qui apparaissait dans l’épisode 4, et ici Thor qui intervient un peu plus tard). Mais ce sont dans les personnalités des héros que l’on va trouver des différences très intéressantes, à commencer par un Ant-Man (ou Giant-Man) qui s’avère très prétentieux, à la manière d’un Tony Stark. Qui lui du coup possède le même degré de prétention que dans l’Univers-616. On notera un changement significatif dans son armure, avec ce liquide visqueux dont il se revêt pour la contrôler! L’histoire de Captain America est sensiblement différente, notamment dans sa vie amoureuse, et l’existence de Bucky est bien loin de celle de son homologue classique. Cela va d’ailleurs donner lieu à des moments bien touchants… On sent clairement une volonté de redistribuer les cartes de manière plus moderne, en abandonnant la naïveté inhérente aux 60’s, et de se focaliser sur des problématiques actuelles. C’est le cas notamment dans la relation entre Ant-Man et la Guêpe, qui s’avère très musclée, et choquante du coup! La Guêpe dont la condition spécifique est totalement différente de la Guêpe classique, et Millar pousse le détail très loin avec des révélations étonnantes sur elle!

Et que dire de Thor, qui est un pacifiste écolo anti-capitaliste? C’est d’ailleurs pour cela qu’il ne veut pas joindre tout de suite les Ultimates : « Peu importe que vous portiez des capes ou des rangers… Vous n’êtes que des laquais à la botte d’une société corrompue. Allez dire à vos maîtres que le fils d’Odin n’a pas l’intention de travailler dans un complexe militaire qui fabrique des guerres et assassine des innocents. Pour l’heure il s’agit de super-vilains mais le jour viendra où vous tuerez au nom du pétrole ou du libéralisme. » Ca change du dieu vengeur adepte des combats mythologiques!!! Avec de tels changements, on ne peut que s’intéresser aux variations des interactions entre tous ces personnages, et si on pensait qu’on allait simplement lire une version similaire mais juste modernisée de la création de ces héros, on découvre en fait de véritables nouveaux personnages, et ça fait vraiment plaisir! Millar les prend donc très au sérieux en leur insufflant leurs propres personnalités et leurs propres complexités, et ces 6 épisodes (pour 5,99 euros!!!) s’avèrent tout simplement captivants!!!

Le début narrant le combat de Cap contre les Boches en 1945 est excellent, et il faut dire que le dessinateur Bryan Hitch est sacrément doué pour nous mettre dans l’ambiance! On croirait presque voir des planches issues de l’excellente série Max consacrée au Punisher (pas celles de Dillon hein ^^). On va bien sûr évoquer le Nick Fury black qui prend les traits de Samuel L. Jackson, et qui sera adapté ensuite dans les films par… Samuel L. Jackson! ^^ Le côté cool et badass de l’acteur colle parfaitement au perso, et le choix de Millar et Hitch de s’inspirer du comédien a été très judicieux! ^^ Mais c’est également dans les dialogues et les aspects politiques que cette série se démarque, avec une excellente fluidité et un vrai point de vue, Millar maniant le cynisme et l’humour avec une réelle classe! « J’en suis à un point où je me demande ce que ça donnerait si les milliardaires et les technocrates essayaient de sauver le monde au lieu de le saigner. Vous voyez ce que je veux dire? » (Tony Stark) Et le scénariste manie également très bien les vannes sexuelles, comme avec cet Hulk déchaîné parce que Betty Ross mange avec une star hollywoodienne : « Qu’est-ce que tu fais avec ce Freddie Prinze Jr? Si tu trouves pas Banner assez viril, t’as qu’à essayer Hulk! »

Tout ça pour dire que les débuts de cette série Ultimates sont excellents, et donnent vraiment envie de découvrir la suite!!!

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