Etroite Surveillance (John Badham, 1987)

La carrière de John Badham est assez étonnante, car elle forme en quelque sorte une boucle culturelle. Il a démarré la mise en scène en 1971 en signant des épisodes de la série The bold Ones : the Senator, et a enchaîné téléfilms et séries (Les Rues de San Francisco, Cannon, Kung Fu), avant d’enfin réaliser son premier film en 1976, Bingo. Ce ne sera pas un succès fulgurant, par contre, son second film lui, aura marqué toute une génération en 1977, puisqu’il s’agit de l’excellent La Fièvre du Samedi Soir! Badham se spécialisera rapidement dans les films d’action plus ou moins teintés de comédies, et on lui doit notamment Tonnerre de Feu, Wargames, Short Circuit, Comme un Oiseau sur la Branche, Nom de Code : Nina (le remake de Nikita)… Une carrière cinématographique pas aussi fulgurante qu’aurait pu laisser prévoir sa comédie musicale avec Travolta, mais une poignée d’oeuvres emblématiques 80’s. Badham est peu à peu retombé dans un certain anonymat, et est revenu à la télévision à la fin des années 90-début 2000, en participant à pas mal de séries telles The Shield, Heroes, Las Vegas, Esprits criminels, Nikita (logique!), Arrow, Supernatural

En 1987, il est entre Short Circuit et Comme un Oiseau sur la Branche, en plein milieu de la partie haute de sa carrière. Badham n’est pas considéré comme un des metteurs en scène importants des années 80 et 90, mais ses oeuvres offrent toutefois une belle lecture de ces décennies. Etroite Surveillance fait partie de ces films que j’adorais tout môme, et qui ont évidemment vieilli, mais qui restent toujours plaisants à voir. Le rythme est plus soft que d’autres buddy movies de l’époque, et c’est sans doute pour cela que Badham n’a pas pu maintenir le niveau de ses débuts, mais le duo Richard DreyfussEmilio Estevez fonctionne bien et va donner lieu à pas mal de péripéties et de gags sympas! Il faut dire aussi que le film policier à l’époque mettait pas mal l’accent sur les blagues crades entre collègues, les flics passant leur temps à se chamailler, et la lutte entre leur duo et un autre s’avère bien fun. L’autre duo est constitué de Forest Whitaker et Dan Lauria, et chacun espère faire la plus grosse crasse à l’autre, ce qui dégénère parfois ^^

Les 4 flics sont chargés de surveiller la maison d’une jeune femme, dont un ancien amant vient de s’évader de prison. Dreyfuss (Chris) et Estevez (Bill) constituent l’équipe de nuit, tandis que Whitaker et Lauria travaillent le jour. Ce genre de planque a de quoi ennuyer à mourir, sauf qu’ici, la femme à surveiller s’avère magnifique! Chris et Bill vont donc prendre leur mal en patience, et admirer la beauté voisine avec leur téléscope. Après tout, ce sont des flics en plein travail ^^ Mais Chris a du mal à se dire qu’il doit juste faire la potiche pour le FBI, qui récupérera les lauriers de l’affaire dès qu’il se passera quelque chose, et il décide d’aller enquêter directement sur place. Il va poser des mouchards en se faisant passer pour un agent des télécommunications, mais décide de retourner fouiller la maison lorsque la jeune femme s’absentera.

Et quelle jeune femme!!! Il s’agit de Madeleine Stowe, sublime actrice qui a notamment fait ses débuts dans la vieille série L’Homme-Araignée, oui oui ^^, et qu’on recroisera dans Obsession fatale, Le dernier des Mohicans, Blink, L’Armée des 12 Singes… Elle n’a pas eu une carrière très chargée, mais aura marqué les esprits lors de ses quelques apparitions. Etroite Surveillance est son second rôle au cinéma, et lui a permis d’accéder à la célébrité. Elle va opposer une naïveté touchante face à la roublardise de Chris, lequel va se retrouver de plus en plus empêtré dans ses mensonges… Et pris dans un engrenage bien sentimental également! Celui qui est chargé de surveiller Maria va rapidement succomber à son charme, et son boulot de flic va se retrouver en porte-à-faux avec ce que lui dicte son coeur! On se retrouve dans une situation comique classique, avec faux-semblants issus du vaudeville, et John Badham y appose une sorte de bienveillance et d’humour qui fait d’Etroite Surveillance un très bon film. Badham gère à la fois l’aspect buddy movie et le côté romantique, s’appuyant sur un script de Jim Kouf, qui a aussi écrit l’excellent Hidden sorti la même année! Kouf offre une aventure où l’action n’est pas le maître mot, mais qui se concentre davantage sur les interactions entre les personnages. Badham habillera l’ensemble avec quelques séquences d’action, notamment l’intro en prison, une poursuite en voitures et le combat final dans la scierie, histoire de quand même offrir un peu de testostérone à ce produit 80’s! ^^

Richard Dreyfuss en a fait du chemin depuis Les Dents de la Mer, et il s’avère bon dans le registre de l’humour! La séquence où il fouille la maison et que Maria revient est vraiment bien foutue, avec ce mélange de stress et d’absurde, qui est vraiment bien rythmé par Badham! Emilio Estevez a eu une carrière moins perçante que son frangin Charlie Sheen, mais a connu une période de gloire à la même époque. Sa toute première participation dans un film a été dans La Balade sauvage de Terrence Malick, rien que ça! Bon, son père Martin jouait dedans, OK… On l’a vu dans Outsiders, le film générationnel dans lequel tellement de stars ont commencé!!! Ou encore dans Young Guns, Les petits Champions, Alarme fatale, La Nuit du Jugement, Mission : Impossible… Il fait partie de ces acteurs emblématiques d’une époque, qui y sont restés ancrés (il joue actuellement dans la série The mighty Ducks : Game Changers, remake ou suite des Petits Champions, et joue et réalise Young Guns 3 : Alias Billy the Kid, prévu pour 2022) mais que ça fait tellement plaisir de revoir, un peu comme un vieux pote d’enfance!

Etroite Surveillance connaîtra une suite en 1993, Indiscrétion assurée, dans laquelle Dreyfuss laissera tomber la moustache! ^^

 

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