Si le début du film laissait voir les qualités habituelles de mise en scène du cinéaste, le récit ne me semblait pas très attractif… Mais bon, comme c’est du David Fincher, il fallait bien lui laisser une chance de nous envoûter… Et ça n’a pas pris tellement longtemps au final, le semblant de bluette se transformant rapidement en enquête policière avec son lot de rebondissements et de réajustements quant aux agissements des protagonistes. Au final, Gone Girl est un film typiquement fincherien, avec tout ce que l’on trouve habituellement de mystère et d’originalité pour nous tenir en haleine durant 2h30!
Quand la belle Amy Dunne disparaît un beau matin, son mari Nick n’a aucune idée de ce qui a pu se passer. La table en verre renversée et brisée dans le salon est de très mauvais augure, mais il ne semble pas croire totalement à la thèse de l’enlèvement. Par contre, les flics ne croient pas totalement à son innocence non plus… Et comme mari et femme avaient chacun leurs secrets, difficile de faire la part des choses et de déterminer ce qui s’est réellement passé…
Gone Girl semblait être un film plus superficiel de la part de David Fincher, qui nous avait encore ébloui en 2011 avec sa réappropriation exemplaire qu’était Millénium: les Hommes qui n’aimaient pas les Femmes. D’ailleurs, il semble avoir totalement adopté Trent Reznor et Atticus Ross, qui ont composé ses BO depuis The social Network! L’ambiance planante créée par la rencontre entre les deux musiciens se marie très bien à l’esthétisme à la fois éthéré et tendu du film, et Gone Girl s’avère bien plus puissant qu’il n’y paraissait au départ. On y plonge de manière de plus en plus impliquée, en essayant de comprendre ce qui se cache derrière cette disparition. Est-ce un meurtre, est-ce un kidnapping? Nick a-t-il tué sa femme?
La romancière Gillian Flynn a adapté son propre livre pour Fincher, et on sent évidemment une connivence entre les deux dans la manière de traiter un récit aussi complexe. Il y a un soin très impressionnant apporté à l’écriture de ce film, qui parvient à jouer avec les apparences d’une manière aussi subtile que rare. La fausse douceur de la plume de Flynn, alliée à la fausse tranquillité de la caméra de Fincher, vont se conjuguer afin de créer une oeuvre atypique où les faux-semblants vont apparaître et s’évanouir constamment, dans un jeu du chat et de la souris aussi diabolique que pervers. Il fallait réussir à porter un tel récit en évitant les pièges de la facilité et du ridicule, et David Fincher réussit très clairement son pari!
Gone Girl impressionne par la virtuosité de son récit, qui est bien évidemment enrichi par une mise en scène somptueuse. Le réalisateur n’hésite pas à accélérer le rythme par moments en nous offrant quelques scènes inattendues, et c’est là aussi qu’on se rend compte à quel point lui et Flynn nous baladent dans des recoins bien sombres de l’esprit humain. Gone Girl est une extériorisation sensitive et perverse de ce qui se passe sous la surface, et l’image du couple solide va forcément en prendre un coup.
Ben Affleck et Rosamund Pike jouent leurs rôles avec brio, menés par un Fincher qui est en plus un excellent directeur d’acteurs. Nick est un homme qui semble bien sous tous rapports, et Amy est la figure de la femme idéale. Mais pourquoi en est-on arrivé là, et qu’est-ce qui se cache derrière cette disparition? Je n’en dirai pas plus et vous laisserai le soin de le découvrir par vous-même! Mais sous ce récit en apparence simpliste se cache beaucoup de choses, et la thématique des rapports avec les médias n’est pas la moins intéressante. Gone Girl est dense, impressionnant, et envoûtant!