Toujours en attendant de voir Gravity, je continue mon immersion spatiale avec ces Naufragés de l’Espace signé John Sturges. Cet artisan chevronné nous a donné quelques oeuvres emblématiques du cinéma américain, comme Les sept Mercenaires ou La grande Evasion. Pour Les Naufragés de l’Espace, il réunit de grands noms pour une aventure palpitante, sortie quelques mois après la foulée historique de Neil Armstrong sur le sol lunaire.
D’entrée de jeu, Sturges place une ambiance de calme avant la tempête, avec cette vision matinale de la base de lancement empreinte d’une poésie diffuse. Il ne perd pas de temps, puisqu’il nous place directement au moment où la fusée habitée s’apprête à décoller. La maîtrise visuelle de Sturges s’avère efficace dès le début, et va pouvoir puiser dans le scénario captivant de Mayo Simon pour nous convier à un voyage hors normes!
C’est dans son approche très solide et très documentée que ces Naufragés de l’Espace fonctionne à merveille, jouant constamment sur des modifications psychologiques primordiales. En respectant un fort réalisme lors des phases techniques du déroulement de la mission, John Sturges permet d’augmenter considérablement l’impact dramatique des problèmes que vont rencontrer les trois astronautes. Richard Crenna, David Janssen et Gene Hackman vont renforcer cette intensité grâce à leurs interprétations très riches, qui vont mettre en lumière trois approches différentes des problèmes, et donc trois manières de réagir face à l’angoisse et à la peur.
Si cette mission spatiale est le point d’aboutissement du travail de centaines de personnes (dont un Gregory Peck impeccable en directeur de programme), ce sont Jim Pruett, Ted Dougherty et Buzz Lloyd qui sont coincés tout là-haut, avec des chances de regagner la Terre qui se dégradent progressivement. Sturges nous montre à la fois le travail incessant se déroulant à Houston afin de sauver les trois Américains, et il nous plonge dans les affres de ces derniers, confrontés à un problème qui met leur vie en danger.
Bien sûr, le film a pris un coup de vieux, mais les effets visuels fonctionnent encore, grâce notamment à la vision très sensible du metteur en scène, qui sait comment intensifier la tension! Les Naufragés de l’Espace constitue une pièce de choix dans le film spatial, et est une oeuvre véritablement maîtrisée dont la tension ne se relâche pas!