The Grandmaster (Wong Kar Wai, 2013)

Cette relecture somptueuse de la vie d’Ip Man doit énormément à la mise en scène incroyable de Wong Kar Wai, qui magnifie ce récit par une inventivité folle et une précision exemplaire. Si son film est moins percutant que le Ip Man de Wilson Yip au niveau du scénario, il l’est davantage dans sa mise en scène totalement sublime!

Dès le premier plan, on sait qu’on est face à une oeuvre très ambitieuse qui a certainement demandé un travail de pré-production acharné. Le premier combat sous la pluie est d’une beauté saisissante, et permet de faire passer la pilule des câbles qu’affectionne les hong-kongais dans leurs films et qui affaiblissent la crédibilité des scènes. Ici, on passe outre car il y a une vision mélangeant réel et onirique afin d’insuffler un souffle véritablement épique au récit. Le biopic sur le maître de Bruce Lee prend des allures de film d’auteur véritablement puissant, Wong Kar Wai parvenant à capter toute l’intensité dramatique de ces gouttes d’eau s’écrasant sur la route et de ces giclées de sang se mêlant à la pluie dans une violence poétique de toute beauté!

Cette évocation romancée de la vie du maître du wing chun alterne combats et mélodrame dans un mélange subtil, le tout étant inextricablement lié par la force émotive de la caméra de Wong Kar Wai. Chaque plan est minutieusement préparé, avec un travail sur la lumière, sur les ombres, sur les reflets, sur la couleur qui est équivalent à celui d’un peintre. Un banc enneigé, un lampadaire dans la nuit, une larme coulant sur un visage, un poing qui frappe, chaque élément est traité avec la même importance, faisant de The Grandmaster une figure impressionnante du cinéma hong-kongais.

 

Tony Leung Chiu Wai campe le maître avec un charisme évident, et Ziyi Zhang est tout aussi à l’aise dans le rôle de Gong Er. Le film va naviguer entre les différentes périodes de la vie d’Ip Man, narrant l’occupation japonaise et décrivant comment il a vécu ces années difficiles. Le mythique chorégraphe d’arts martiaux Yuen Woo-Ping nous donne des séquences de toute beauté, lui qui a travaillé avec Jackie Chan, Jet Li, Donnie Yen ou encore Michelle Yeoh. Il a d’ailleurs même un rôle dans le film… Les combats qu’il a écrit sont impressionnants, magnifiés par la vision de Wong Kar Wai. Le duel dans la gare est tout simplement sublime, avec ce train en mouvement en arrière-plan, et une atmosphère véritablement puissante!

Même dans ses moments bavards où les personnages dissertent avec tout le mystère cher aux vieux sages asiatiques, The Grandmaster ne perd pas de sa superbe grâce au travail pictural acharné de son auteur. Alors oui, le film aurait gagné à être plus percutant d’un point de vue des arts martiaux, mais en l’état, il est une oeuvre d’art à apprécier pour la finesse de son trait et la virtuosité de sa mise en scène, qui font de Wong Kar Wai un réalisateur extrêmement talentueux.

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2 réponses à The Grandmaster (Wong Kar Wai, 2013)

  1. david dit :

    Alors, je te l’avais pas dit qu’il était classos ?

    Il est 15h en ce mardi 24 septembre 2013.

    Alors, ca marche ?

  2. Wade Wilson dit :

    Ecoute oui ça fonctionne! 😉 Effectivement je partais avec quelques à-priori bien solides sur ce film, et j’ai été vraiment surpris par la mise en scène magnifique de Wong Kar Wai!!! Quelques scories niveau scénar mais ce film est impressionnant!

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