Citadel (Ciaran Foy, 2012)

Fort de son expérience dans le court métrage, le réalisateur irlandais Ciaran Foy se lance dans l’aventure du long en solo (après Hotel Darklight en 2009 qui était une anthologie). Et si ce format est nouveau pour lui, autant dire qu’il maîtrise son rythme pendant 1h30, tant l’ambiance pesante ne se dément à aucun moment. En suivant l’existence de Tommy, qui doit élever seul sa fille après l’agression dont a été victime sa femme, Ciaran Foy met en place un schéma prenant alliant film social et poussées horrifiques! En gros, on est dans du Ken Loach à la sauce gore, et le résultat est impressionnant!

 

Tout d’abord, le personnage principal est incarné par un acteur très talentueux et méconnu, Aneurin Barnard. Suite à l’agression de sa femme Joanne, il a développé une agoraphobie aiguë qui risque de lui faire perdre la garde de sa fille, et le jeune acteur crée un personnage extrêmement torturé de manière très convaincante, rendant palpable sa faiblesse constante et son impuissance à la surmonter. Ciaran Foy nous plonge d’emblée dans un univers sordide et dangereux, Tommy essayant de surmonter ses peurs dans un quartier délabré dans lequel même les flics refusent de s’aventurer. Pas l’environnement idéal pour élever un enfant, et Tommy est bien décidé à quitter cet endroit. Mais la bande de jeunes responsable de l’agression de Joanne est bien décidée à lui enlever la petite Elsa, pour qui ils ont de sombres desseins…

Citadel ne laissera aucun répit au spectateur, en le maintenant constamment dans une atmosphère glauque et délétère que Ciaran Foy développe grâce à un solide sens visuel. Sa caractérisation des lieux, et particulièrement de la tour où résident les jeunes, revêt un aspect angoissant et fantastique qui, couplée à l’approche sociale mise en place dès le départ, donne au film une tonalité toute particulière. La progression vers l’horreur va se faire de manière lente mais efficace, Ciaran Foy dépeignant ce quartier lugubre de manière de plus en plus précise, obligeant le spectateur à le suivre dans cette sinistre tour…

Citadel possède une vraie beauté glauque, tant dans son approche dramatique de l’horreur que dans sa mise en scène implacable jouant constamment sur le sentiment d’oppression. Le combat de Tommy pour sauver sa fille n’en est que plus remarquable, et Ciaran Foy se pose comme un metteur en scène à suivre!

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