Lupin saison 1 partie 2 (2021)

En début d’année, Netflix frappait très fort avec les 5 premiers épisodes de Lupin, qui ont eu un succès retentissant à travers le globe! Le tournage ayant été interrompu à cause de la pandémie, Netflix ne pouvait pas diffuser la totalité des 10 épisodes, et 5 mois après, on a enfin droit à la suite des aventures d’Assane Diop en mode Arsène Lupin!

Les 5 épisodes initiaux s’avéraient particulièrement savoureux, avec cet hommage permanent à la France du début du siècle dernier, son rythme vif et nonchalant, et une très belle écriture permettant de disséminer des liens avec l’oeuvre de Maurice Leblanc de très belle manière! On s’attendait donc à retrouver le même esprit, et la déception est de taille à la découverte de ces 5 épisodes oscillant entre passable et franchement ennuyeux… Le rythme n’y est plus, l’envie semble s’être envolée, et la magie du genre s’est évaporée… On était resté sur un cliffhanger très important, et pourtant, la tension qu’il aurait dû initier ne va pas décoller… Pour expliquer à quel point cette seconde partie ne fonctionne pas, je vais spoiler à plusieurs reprises, donc pour ceux qui ne l’ont pas encore vue, ne lisez plus à partir de maintenant! ^^

Raoul, le fils d’Assane, venait de se faire enlever par Leonard, un des hommes de main d’Hubert Pellegrini. Assane va se lancer à leur poursuite avec Youssef Guedira, le flic fan d’Arsène Lupin qui est parvenu à remonter la piste jusqu’à Assane. Si le début commence sur les chapeaux de roue, avec une course-poursuite en voitures à travers les petites routes de Normandie, l’ensemble va très rapidement développer un aspect artificiel et forcé qui ne fait pas plaisir à voir… La séquence dans le manoir abandonné avec cette pseudo-esthétique de film d’horreur est relativement vaine, et commence à démontrer clairement le manque d’inspiration des auteurs. Quand un personnage se fait balancer à travers une fenêtre située en hauteur, et qu’il se relève tranquillement comme si de rien n’était, on se dit que ça fonctionne quand ça arrive à Michael Myers, mais ici c’est un poil exagéré. Et des aberrations de ce style, il va y en avoir beaucoup lors de ces 5 épisodes…

Même Omar Sy semble avoir perdu sa conviction, et la fin de ce premier épisode semble très forcée au niveau émotionnel, alors que les enjeux sont pourtant importants. Mais on sait pertinemment que tout va finalement bien se passer, donc cette tension artificielle ne prend pas du tout… Si la fluidité des 5 premiers épisodes permettaient de bien laisser glisser les quelques approximations scénaristiques, en offrant un cadre ludique et espiègle, ici on abandonne le sens du jeu pour un récit plus terre-à-terre et premier degré, dans lequel les faux-semblants vont être bien moins importants. Et là où les enjeux portaient l’ensemble, ils ne parviennent plus à intéresser cette fois-ci, et ce combat entre Assane et Pellegrini s’avère bien plus creux que ce que l’on espérait retrouver…

Il faut dire que l’acteur Hervé Pierre semble lui aussi avoir abandonné la finesse initiale, pour développer un personnage ayant perdu de sa roublardise et qui se dirige dangereusement vers la caricature. Cela participe grandement à l’effondrement de cette seconde partie, puisque sans ennemi valable, difficile de donner corps à une intrigue qui se tient. Mais ce qui paraît le plus aberrant, c’est la façon dont Assane se sort de toutes les situations, alors qu’il est connu par les forces de l’ordre pour être un roi de l’évasion et un adepte du déguisement. Mais malgré cela, presque personne (à part tous les spectateurs) ne le reconnaît alors que ses déguisements ne masquent pas du tout ses traits! Ca en devient réellement ridicule au bout du compte… Et que dire de certains passages complètement what the fuck, comme celui où il se retrouve face à un agent de sécurité armé, qui le laisse tranquillement approcher jusqu’à s’amuser avec le cran de sûreté de son arme??? On n’appelle même plus ça une aberration, mais une panne scénaristique de haute volée!!! C’est certainement la plus débile, mais des situations comme celle-ci, il y en a quelques autres…

Si les metteurs en scène Louis Leterrier et Marcela Said insufflaient un rythme enlevé de manière efficace dans la première partie, tant dans les scènes d’action que dans les moments intimistes, on sent bien qu’ils ont quitté leur poste de réalisateurs… Ce sont Hugo Gélin et Ludovic Bernard qui leur succèdent, Gélin ayant déja dirigé Omar Sy dans Demain tout commence et ayant mis en scène la sympathique comédie romantique Mon Inconnue, et Bernard ayant réalisé L’Ascension avec Ahmed Sylla et 10 Jours sans Maman avec Franck Dubosc. Leur filmographie n’est certainement pas axée vers l’action, et on sent assez rapidement que cet élément va pêcher lors de cette seconde partie… Leterrier étant le metteur en scène du Transporteur ou de L’Incroyable Hulk, il était capable de générer des moments bien dynamiques, et Marcela Said parvenait à s’immiscer dans son sillage. Ici, l’ensemble s’avère tellement plus convenu et moins enlevé, que l’on a l’impression qu’il s’agit presque d’une série différente…

Même les personnages secondaires perdent de leur saveur, très souvent à cause d’une écriture plus bancale et d’une exposition moindre. Souffiane Guerrab est clairement l’un des éléments les plus intéressants de cette série, mais son personnage de Youssef se retrouve dans une posture moins libre que lors de la première partie, et le trio de flics qui s’avérait percutant est presque en mode statique… Et que dire des rôles tenus par Ludivine Sagnier et Clotilde Hesme? Les deux femmes de la vie d’Assane ne sont plus présentes que pour leur fonction, et semblent vidée de toute originalité et volonté propre. Il n’y a qu’à voir comment la mère de Raoul passe d’un rejet total d’Assane au pardon sans aucune transition… Et pour terminer sur l’artificalité de l’ensemble, c’est quoi cette fin où le héros parvient à blanchir son père et lui-même, et à enfin faire incarcérer Pellegrini, mais que la police le poursuit encore??? Après avoir été innocenté, il nous fait une fin en mode « je suis obligé de vous quitter » qui ne fonctionne pas du tout!!!

Il y a pourtant un ou deux éléments qui permettent de ressentir quelques sursauts dignes de la première partie, mais ils sont trop vite expédiés pour avoir le temps de solidifier l’ensemble. Cette seconde partie s’avère être une réelle déception, surtout après l’excellente surprise que représentait le début des aventures d’Assane Diop! Tout est moins fluide, plus automatisé, et on sent que l’âme de Lupin s’est figée… Un beau gâchis malheureusement!

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