Le Convoi (Sam Peckinpah, 1978)

Sam Peckinpah est réputé pour ses westerns dans lesquels il offre une représentation très dynamique et moderne de la violence. De sa participation à diverses séries télévisées (La Flèche brisée, L’Homme à la Carabine, The Westerner) jusqu’à Pat Garrett et Billy le Kid, Peckinpah s’est évertué à retranscrire toute la sauvagerie de l’Ouest, et ses films contemporains se nourrissent de la même matière première. Qu’il s’agisse des Chiens de Paille ou d’Osterman Weekend, Peckinpah raconte toujours des affrontements entre hommes avec comme source plus ou moins consciente les rivalités entre shérifs et hors-la-loi.

Pour Le Convoi, le principe reste le même, seule l’époque change. Les montures ont été troquées contre des camions dans lesquels les routiers passent le plus clair de leur temps. Duck (Kris Kristofferson, excellent) mène une vie de nomade, traversant les états à bord de son véhicule, tout comme le faisaient les cowboys à l’époque. L’esprit qui l’anime n’est pas si éloigné de celui du Far West, avec cette sensation de liberté qu’il ressent en parcourant le pays.

Son seul problème est représenté par le shérif Lyle Wallace (Ernest Borgnine dans toute sa splendeur), qui prend un malin plaisir à le verbaliser dès qu’il le peut afin d’arrondir ses fins de moins. Wallace est un flic pourri qui aurait aussi bien eu sa place au 19ème siècle… Le rapport de force entre les deux hommes va prendre un tour plus sérieux après une sévère altercation, et le franchissement de cette limite va mener Duck et ses amis camionneurs dans une course-poursuite inter-états qui va faire du bruit!

Les grands espaces, les chemins déserts, les flics pourris et la bande de hors-la-loi, tous les éléments du western sont présents dans ce très bon road-movie sonnant l’épopée des derniers cowboys dans l’âme. Duck est un solitaire, séducteur et sûr de lui, prêt à cogner s’il le faut. Sa lutte contre le shérif Wallace va le mener dans une course effrénée où les forces de l’ordre vont traquer les camionneurs sans relâche, et le groupe composé de trois hommes va peu à peu prendre de l’ampleur au fil des kilomètres. Duck va se retrouver malgré lui meneur et porte-parole des camionneurs face à la dictature policière de Wallace.

Le Convoi s’inscrit dans le registre du road-movie contestataire, avec ces hommes aspirant à une existence libre et devant constamment rendre des comptes aux forces de l’ordre. Un simple dépassement de la vitesse autorisée va s’envenimer peu à peu, et va jeter des braises sur un feu qui couvait depuis longtemps. L’affrontement entre Duck et Wallace laissera des traces, les deux hommes représentants deux modes de vie incompatibles, et cette lutte va être suivie par les médias qui voient dans le convoi un outil de revendication face à la difficulté des conditions de travail des routiers.

Sam Peckinpah réalise un film rythmé dans lequel les séquences de poursuite bénéficient d’une solide maîtrise, et l’image de ces camions renvoient même en partie au Duel de Steven Spielberg. Peckinpah joue la carte de l’action avec efficacité, offrant quelques traits d’humour achevant de donner une tonalité très personnelle au film. Il réalise un très bon road-movie emmené par des acteurs motivés, de Burt Young (le célèbre Paulie de la saga Rocky!) à Seymour Cassel en gouverneur, en passant par Ali MacGraw en femme de poigne.

Les grands espaces du Convoi se nimbent d’une atmosphère de fin d’époque, et cette transposition moderne d’un récit classique du western prend tout son sens avec le spectre de cette époque révolue planant sur cette horde sauvage…

 

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