Damien Chazelle n’a jamais caché son amour pour le jazz, courant musical omniprésent dans son oeuvre. Depuis son 1er long en 2009, Guy and Madeline on a Park Bench, en passant par Whiplash en 2014, jusqu’à aujourd’hui et La La Land. Damien Chazelle est un esthète dont le but est de filmer la musique elle-même, et de réussir à retranscrire toute l’intensité qu’elle génère. Son Whiplash a eu un beau succès, en suivant le parcours difficile d’un jeune batteur qui tente de percer, avec notamment une scène finale éblouissante! Dans La La Land, il va en plus explorer l’héritage des comédies musicales d’antan…
La scène d’ouverture s’avère pétillante à souhait, et nous promet un film totalement différent! Cette chorégraphie ambitieuse donne le ton, en rendant hommage aussi bien aux vieux films des années 50 qu’aux comédies musicales des années 80! Il y a une très belle énergie, et la mise en scène de Damien Chazelle épouse parfaitement toute cette belle folie ambiante! On se sent alors embarqué dans un joyeux tourbillon coloré, et on se dit que le niveau est mis très haut! On a ensuite 2 séquences distillant le même esprit libertaire, et sans vraiment comprendre pourquoi, tout va s’étioler peu à peu… Ce qui apparaissait comme une perpétuation directe de l’héritage des comédies musicales hollywoodiennes va se déliter, et on va se retrouver dans un récit qui va doucement perdre en saveur…
Ryan Gosling et Emma Stone sont vraiment bons dans leurs rôles respectifs, mais toute la légèreté qui faisait le charme de ce film va se perdre dans une histoire trop classique d’évolution de carrière… Il y a une réminiscence de l’histoire du héros de Whiplash, qui lui aussi commençait à trouver le succès après avoir longtemps bataillé… Et cette histoire de vieux rêve que l’on remise pour trouver la gloire est traitée sans originalité… Et c’est bien dommage, au vu de la qualité des acteurs engagés, qui donnent de la voix et qui enchaînent les pas de danse pour tenter de créer un film unique. Mais toute la folie créative du début s’envole trop rapidement, et malgré quelques beaux moments disséminés ça et là, on ne retrouvera jamais cette puissance initiale…
Le travail sur l’ambiance et la volonté de faire resurgir le vieil Hollywood est intéressant, mais on bascule de l’hommage impressionnant au didactisme perdant son âme espiègle… On ressent par petites touches quelques vagues nostalgiques 60’s, 70′ ou 80’s, avec notamment l’excellente scène de la piscine! Mais le tout est finalement trop dilué pour convaincre, et La La Land n’apparaît que comme un bel écrin dont la richesse aura été éphémère… Il ne parviendra pas à nous fera oublier les chorégraphies justes sublimes de Gene Kelly, Debbie Reynolds et Donald O’Connor dans un certain chef-d’oeuvre de 1952… On aurait presque cru que l’inventivité débridée et totalement surprenante de ce film avait été retrouvée, mais ça n’aura duré que le temps d’un songe…