Barry Levinson, c’est le réalisateur de films classiques comme Good Morning, Vietnam, Rain Man, Harcèlement ou Sphère, il y a donc de quoi être surpris quand il s’associe au producteur Oren Peli (la saga Paranormal Activity) pour mettre sur pied un found footage! Et le résultat s’avère complètement réussi, le metteur en scène vétéran (72 ans) parvenant à créer un docu-fiction captivant et angoissant!
Chesapeake est une petite ville tranquille typique du Maryland, le genre d’endroit où tous les habitants se connaissent et où il fait bon vivre, avec un maire issu de la population locale et des traditions amusantes et sympathiques. En cette célébration annuelle du 4 juillet, tout semble se dérouler comme d’habitude, mais cette bourgade sans histoire va basculer dans l’horreur… Barry Levinson maîtrise totalement son sujet avec cette histoire de contamination d’un réalisme saisissant, qu’il va monter avec un mélange d’images de télévision, de caméras de vidéosurveillance, de Skype ou encore de portables. Levinson va user de tous les moyens de communications modernes pour assembler son puzzle horrifique, faisant surgir la terreur au travers d’images quotidiennes.
En suivant la couverture du 4 juillet par une jeune stagiaire d’un journal local (Kether Donohue), on va suivre le concours de manger de crabes, on va croiser Miss Crustacés, et l’on va se rendre compte d’un problème quand une femme arpente la rue avec des marques étranges sur son corps en cherchant de l’aide. La belle journée ensoleillée va se transformer en cauchemar global pour cette petite ville, la contamination se propageant à un rythme exceptionnel. Barry Levinson joue habilement sur ce basculement inquiétant, greffant progressivement des éléments anormaux dans cette journée de fête. En recoupant ces images avec celles de travaux de 2 scientifiques étudiants la baie, il va montrer que le problème avait déjà été soulevé quelques semaines auparavant, mais que les autorités n’ont pas daigné y répondre…
The Bay est résolument un film d’horreur post-moderne, offrant une approche sans concessions de cette épidémie (les plans gores sont impressionnants) et surtout une chronologie inéluctable qui va voir l’ascension exponentielle du nombre de victimes. L’une des plus touchantes est cette gamine seule chez elle, qui n’arrive pas à joindre ses parents ou ses amis, et qui commence à flipper en voyant les lésions grandir sur son corps. Elle se rend à l’hôpital pris d’assaut et erre sans qu’on lui vienne en aide… On va suivre par caméras ou téléphones interposés différentes expériences de plusieurs habitants, alors que la ville est en proie à ces événements traumatisants. Levinson ne cède pas à la facilité, et il va volontairement éviter les séquences d’actions pour se concentrer sur la peur s’instillant de manière indicible dans la communauté. Ce qui n’évite pas des visions spectaculaires comme ces rues de la ville jonchées de cadavres, ou des plans très gores sur les dégâts causés par ces parasites.
The Bay est une sacrée réussite, complètement maîtrisée par un Barry Levinson que l’on n’attendait certainement pas sur ce type de production!