A Night of Horror : Nightmare Radio (2019)

Je vous le disais encore tout récemment, le court métrage est un excellent format dans le domaine horrifique, et cette nouvelle anthologie rassemble quelques belles pépites dans le genre! Je ne savais pas trop à quoi m’attendre avec cette histoire de DJ narrant des récits morbides, et le concept m’a forcément fait penser au génial Pontypool! On va toutefois naviguer dans des eaux bien différentes, et surtout multiples, avec un assemblage de courts venant de différents continents. Au total, 10 histoires macabres aux tonalités diverses, avec parmi elles d’excellentes découvertes!

On va commencer par le plus bancal, à savoir le récit central sur ce DJ qui est uniquement là pour faire le lien entre chaque histoire. Le schéma est quelque peu artificiel, mais on sent une sorte d’hommage au narrateur des Contes de la Crypte en quelque sorte. C’est le 1er rôle au cinéma pour James Wright, dans le rôle de Rod Wilson, notre hôte pour cette nuit bien particulière. A Night of Horror : Nightmare Radio est donc construit à partir de courts métrages pré-existants, qui ont tous une certaine cohérence dans leur volonté de faire peur, en laissant de côté les jump scares pour proposer des séquences autrement plus stressantes! Ce sont les Argentins Nicolás Onetti et Luciano Onietti qui ont eu l’idée de collecter ces courts, tout en réalisant le segment principal avec le DJ.

On commence par In the dark dark Woods…, un court américain de 2017 narrant un conte bien diabolique. Dans une sombre forêt demeurait une femme à l’âme encore plus sombre, qui décida d’avoir une descendance en prenant l’apparence d’une belle jeune femme. Jason Bognacki nous livre une oeuvre de 4 minutes qui baigne dans une atmosphère malsaine, et qui s’avère plastiquement très réussi. La caractérisation de cette femme-démon est vraiment réussie, et sa condition la rend d’autant plus difficile à appréhender. Bognacki parvient à jouer de manière très intéressante avec ce concept, et son court est une très belle entrée en matière, avec son air de conte qu’on se raconterait autour d’un feu de camp…

Direction l’Australie ensuite, avec Post Mortem Mary (2017) signé Joshua Long, prenant place en 1840. On va suivre une mère de famille spécialisée dans les portraits de gens décédés, secondée par sa fille à qui elle apprend le métier. Elles arrivent dans une ferme pour photographier une jeune fille morte, et devant l’hystérie de la pauvre mère, la photographe va devoir laisser sa fille se charger d’effectuer le portrait. Joshua Long nous livre un court bien stressant et très beau visuellement, dans lequel la jeune Stella Charrington impressionne par sa justesse, pour ce qui est son tout premier rôle! Elle se prend vraiment au jeu et nous entraîne dans son travail bien macabre, qui renvoie à une tradition bien ancrée pendant longtemps, avec ce concept de photo mortuaire… Un second court très réussi pour cette anthologie!

On passe ensuite au canadien A little off the Top (2012) d’Adam O’Brien, qui suit un coiffeur légèrement déjanté dans un monologue destiné à expliquer à sa cliente (et à nous indirectement) comment il procède. C’est probablement le court le moins prenant, car il n’y a pas du tout d’effet de surprise quant à la situation. Mais il y a tout de même une certaine tension qui permet de passer un moment « agréable ». Le côté absurde quant à lui fait évidemment baisser la tension, mais place ce court dans la catégorie humour noir.

L’Espagnol Sergio Morcillo vient tout de suite faire remonter le trouillomètre avec Gotas (2017), narrant les terribles maux de ventre d’une jeune ballerine, incarnée par l’excellente Marina Romero. L’atmosphère maladive est très bien rendue, et il y a un soin impressionnant apporté à la mise en scène, avec notamment des jeux sur la temporalité amenés avec une très belle fluidité. L’aspect métaphorique de ces maux de ventre est excellent, et on assiste à un trauma bien violent pour cette jeune femme qui doit en quelque sorte lutter contre un démon intérieur. Ce court est une très belle proposition, à la fois innovante et viscérale, dont le sens évolue avec une gradation exemplaire. Une excellente découverte!

The Dissapearance of Willie Bingham (2015) nous vient lui aussi d’Australie, et Matthew Richards nous dévoile une variante bien malsaine à la peine de mort. Willie Bingham est un individu condamné pour le viol et le meurtre d’une femme, et qui va se retrouver dans une telle situation, que l’on aurait même pitié de lui… Matthew Richards nous questionne sur les notions de justice et de vengeance, sans prendre parti mais en nous démontrant jusqu’où la haine et la perte peuvent amener. Il y a un humour très noir qui se greffe sur ce récit, mais la sensation principale est clairement le malaise. Kevin Dee entre dans la peau de Willie Bingham avec beaucoup d’intensité, et confère à ce personnage que l’on aimerait détester une sorte d’humanité qui fait que l’on est bien paumé face à ce qui lui arrive, et c’est toute l’intelligence de ce court!

The Smiling Man (2015) est un court américain dû à A.J. Briones, un spécialiste des effets visuels ayant travaillé sur pas mal de blockbusters comme Avatar, Iron Man 2, La Planète des Singes : l’Affrontement, Star Wars : Episode VII – le Réveil de la Force… Il se concentre sur une séquence unique, qui voit une gamine descendre des marches pour se rendre dans la cuisine en suivant des ballons flottant dans l’escalier. Le ballon rouge fait immédiatement penser à Ca, et l’ambiance est dès le départ bien tendue. La petite fille va se retrouver face à une créature cauchemardesque, qui va agir tel un artiste de cirque bien macabre. Il y a une belle inventivité dans la mise en scène (avec notamment ce plan vu de haut juste avant que la gamine découvre la créature), et on sent que Briones s’est totalement investi pour nous faire bien flipper. Le résultat est dérangeant et beau à la fois!

On retourne en Espagne avec Into the Mud de Pablo S. Pastor, belle variation sur un thème peu abordé au cinéma. Ca commence avec une jeune femme nue en pleine forêt, et on penche du coup pour une histoire à la Jenifer de Dario Argento, son segment des fameux Masters of Horror. Mais l’approche de Pastor va être différente, et il va habilement jouer avec cette ambiance I spit on your Grave, aidé par l’actrice principale María Forqué qui vit cette traque avec intensité! Le schéma en lui-même est classique, mais la fin est fun, et Pastor prend soin de sa mise en scène. 

Vicious (2015) est sans conteste la pépite de cette anthologie, et on la doit à l’Anglais Oliver Park. Ce récit d’une jeune femme rentrant chez elle un soir et découvrant que sa porte d’entrée a été fracturée, est d’une simplicité absolue dans son concept, mais Oliver Park en fait un petit chef-d’oeuvre diablement horrifique! C’est simple, c’est certainement l’un des meilleurs courts métrages qu’il m’ait été donné de voir, et il contient une séquence qui est probablement l’une des plus flippantes que j’ai subi!!! J’étais vraiment pas bien en le regardant bordel, et ça fait tellement du bien de voir que l’on peut encore avoir peur devant une oeuvre de fiction! Merci Oliver Park !!! ^^ Rachel Winters nous entraîne dans cette nuit cauchemardesque à souhait, et l’aisance avec laquelle Park parvient à nous faire stresser est impressionnante! Il joue avec les degrés de tension en l’élevant et l’abaissant en connaissant le moment opportun à la seconde près, et il y a un talent fou à parvenir à ce résultat! Et il gère parfaitement sa géométrie de l’espace pour offrir les meilleurs angles (et donc les plus flippants!) de vue! Je ne vous en dévoilerai pas davantage sur celui-ci, il faut juste le vivre! 😉

Je ne m’attendais vraiment pas à grand-chose, et j’ai été carrément happé par ces diverses propositions, qui démontrent s’il était besoin d’une excellente vitalité du cinéma de genre dans le format court! Je vous invite vivement à mater ces travaux, qui vont du sympathique au génial!!!

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