Fear Street – Partie 1 : 1994 (Leigh Janiak, 2021)

L’auteur R.L. Stine est mondialement connu pour avoir créé les livres jeunesse Chair de Poule, mais il s’est également intéressé à une horreur plus adolescente avec la saga Fear Street. En fait, la série Fear Street est même antérieure à Chair de Poule, puisque le premier roman de chaque collection est paru respectivement en 1989 et en 1992! Chair de Poule totalise plus de 70 oeuvres, tandis que Fear Street en compte une cinquantaine, mais avec encore des spin-off comme Fear Street Cheerleaders, Fear Street Nights, Fear Street Saga, etc… Autant dire que l’inspiration ne manque pas à R.L. Stine, qui décline à l’envie ses thématiques horrifiques et surnaturelles!

Et voici que débarque aujourd’hui une trilogie Netflix adaptant les récits de Stine, en proposant un voyage dans le passé à 3 époques distinctes. On a eu cette semaine Fear Street – Partie 1 : 1994, qui sera suivi dans les 15 prochains jours par Fear Street – Partie 2 : 1978 et Fear Street – Partie 3 : 1666. Un programme bien ambitieux pour des films décidés à remettre au goût du jour une vision de l’horreur plus légère et référentielle. Et il faut bien admettre que ce premier volet fonctionne plutôt pas mal et propose une belle alternative aux énièmes Conjuring, Sans un Bruit et autres films se ressemblant les uns les autres.

L’introduction fait clairement office de belle note d’intention, et on se retrouve dans un slasher 90’s clairement hérité de Scream, et ce n’est pas le meurtre hyper référentiel à celui de Drew Barrymore qui prouvera le contraire! On sent un esprit old school très travaillé et très bien maintenu, et cette nostalgie apporte un véritable dynamisme à l’ensemble. Avec un tueur encapuchonné affublé d’un costume de tête de mort, on a clairement une déclinaison du Ghostface de Scream, surtout qu’il bouge exactement de la même façon que lui! Le travail de réappropriation de tous ces éléments permet donc de mettre sur pied un véritable hommage tout en offrant une bifurcation intéressante au genre, en inscrivant ce personnage au sein d’un riche folklore local. Le générique de début est à ce titre très fouillé et très instructif, et va nous diriger vers un récit convoquant d’autres figures du Mal héritées d’époques différentes, un peu à la manière de ce que proposait le générique de la série Castle Rock. Sauf qu’ici, les promesses seront tenues…

Il y a une certaine aisance dans le traitement de cette mythologie, et l’un des premiers intérêts de ce film réside dans la dichotomie entre les 2 villes voisines : Shadyside est considérée comme la capitale du meurtre, avec des décennies d’horreur et de drames, tandis que Sunnyvale est la bourgade la plus paisible des Etats-Unis. L’opposition entre le côté sombre (shady side) et l’ensoleillement (sunny) est on ne peut plus clair, et cet aspect est traité avec un mélange d’humour et de sérieux permettant de donner une certaine solidité à ce premier volet de Fear Street. Il est toutefois dommage que cela soit un peu mis de côté par la suite dans le film, car ça offre une sorte de décalage absurde bienvenu, à la manière d’un Springfield VS Shelbyville ^^

Et dans une ère LGBTQ2S+π² qui dérive souvent de manière absurde (Blanche-Neige??), ça fait vraiment du bien de voir une romance entre 2 femmes qui n’est pas amenée au forceps, mais qui bénéficie d’une vraie approche émotionnelle. L’histoire entre Deena et Samantha va s’avérer très touchante, avec une fragilité évidente dans l’expression de leurs sentiments, et pourtant une force elle aussi évidente dans leurs sentiments respectifs. Il ne s’agit pas d’une simple bluette passagère, mais elles vont passer par des émotions bien contradictoires pour tenter de poursuivre ou non leur idylle. Et le message LGBTQetc n’est pas asséné à tout va, et ça, ça fait un bien fou! Il s’agit juste de l’histoire d’amour de 2 femmes, qu’elles vivent juste pour elles, et on sent ici une vraie sincérité dans cette approche. Kiana Madeira et Olivia Scott Welch sont 2 jeunes actrices pas encore connues, mais qui apportent une belle sensibilité à leurs personnages. Benjamin Flores Jr. fait lui aussi partie de cette nouvelle génération, et donne une belle consistance au frangin de l’héroïne, qui possède un savoir très intéressant sur le folklore local et sur les tueurs en série! Avec Julia Rehwald et Fred Hechinger, ils vont composer une sorte de Club des 5 bien déterminé à mettre un terme aux agissements du tueur masqué, et de ses congénères…

La réalisatrice Leigh Janiak a une petite expérience horrifique, puisqu’elle a signé 2 épisodes de la série… Scream! Ca tombe bien, elle maîtrise plutôt bien les codes du slasher 90’s! Sa mise en scène épouse parfaitement les standards de l’époque, et l’ajout d’une BO très ciblée et franchement classe apporte un véritable plus dans la mise en place de l’atmosphère. Quand le premier morceau qui débarque est le Closer de NIN, on sait déjà qu’il y a une vraie motivation pour l’habillage musical! On va avoir du Garbage, du Cypress Hill, du Iron Maiden, du Radiohead, du Pixies, et bien plus encore, et ça fait tellement plaisir de sentir que ces morceaux arrivent avec une véritable inspiration et ne sont pas juste posés là pour faire couleur locale!

Ce Fear Street – Partie 1 : 1994 va naviguer entre hommages et belles trouvailles scénaristiques, et s’avère être un vrai bon moment pop-corn! On sent la richesse du matériau littéraire avec les imbrications entre toutes les strates horrifiques, et même si le rythme baisse par moments, ce premier volet propose une belle plongée dans l’horreur teenage! On passe du gore à l’absurde, en naviguant entre des émotions plus intimistes, et au final, on se retrouve devant un film qui donne bien envie d’en connaître davantage sur le passé de Shadyside!!!

 

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