Paperhouse (Bernard Rose, 1988)

Paperhouse fait partie de ces films qui ont bercé mon imagination alors que je n’avais jamais réussi à le voir. Son affiche intriguante, son titre énigmatique, et les quelques images sur lesquelles j’étais tombé m’ont toujours donné envie de m’y plonger. C’est chose faite grâce à un site absolument génial nommé La Caverne des Introuvables, une véritable mine d’or pour cinéphiles adeptes d’oeuvres étranges et décalées! Un seul conseil, allez y faire un tour, vous risquez de tomber accro!
Paperhouse est un film en marge des stéréotypes du cinéma fantastique, et propose un récit immersif centré sur la psychologie d’une jeune fille (Charlotte Burke, excellente dans ce rôle difficile, et dont il s’agit de l’unique apparition au cinéma!) et sur la frontière entre la réalité et le rêve. Anna est en effet en proie à des songes étranges et récurrents, dans lesquels elle va évoluer de manière progressive. On pense évidemment aux Griffes de la Nuit de Wes Craven sorti 4 ans plus tôt, mais Bernard Rose s’aventure dans un registre beaucoup plus intimiste et captivant, en opérant sur les différents niveaux de conscience de l’être humain.
La maison de papier du titre est un passage vers un autre monde, peut-être imaginaire, ou peut-être bien réel. Anna aime s’y rendre, et va tenter de maîtriser ses allers-retours, mais tout comme elle ne peut contrôler ses émotions à la manière d’un adulte, son état d’esprit aura des répercussions su ses voyages. Bernard Rose parvient à construire des séquences troublantes dans lesquelles on ne sait pas s’il faut être inquiet ou content pour Anna, et l’ambivalence des émotions gagne le spectateur. Paperhouse fonctionne sur deux réalités et reste constamment sur le fil, emmenant le spectateur dans son univers grâce à un déroulement d’une grande intelligence. On suit des pistes qui pourraient fonctionner, on en découvre d’autres, et le récit progresse de manière originale et dans un cadre visuel étonnant.
La mise en scène de Bernard Rose est réellement inventive et parvient à rendre crédible cette histoire qui aurait pu s’avérer très creuse. En filmant de manière très instinctive et en renvoyant à nos peurs enfantines, Bernard Rose crée un monde-miroir du nôtre dans lequel se reflètent les angoisses de la jeune Anna; peur de la maladie, de la mort, de l’abandon… Le réalisateur réussit à donner corps à ces émotions de manières picturale et sonore, et Paperhouse s’avère d’une grande richesse. La beauté de ces plans où Anna court dans les prés vers la maison, ou les plans de la bâtisse, convoquent quelque chose de très profond dans l’inconscient et en ressortent d’autant plus fortement. Il y a une réelle volonté de s’approcher de l’intime dans la vision de Bernard Rose, et Paperhouse y parvient largement.
On peut regretter que cet univers ne soit pas exploré davantage, car les possibilités sont immenses; mais Paperhouse reste une oeuvre résolument singulière et d’une très grande force, proposant une exploration de la psyché enfantine comme on l’a rarement vue. Une oeuvre atypique à découvrir, aux allures de conte sombre vraiment maîtrisé!

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6 réponses à Paperhouse (Bernard Rose, 1988)

  1. shystrak dit :

    Tu l’as topé ou ????

  2. Wade Wilson dit :

    C’est marqué dans l’article! 😉 Vas sur ce site c’est tout simplement énorme!!!

  3. Geoffrey dit :

    Et pas un mot sur la bande-origianle signée Stanley Meyers et Hans Zimmer ?? Rolalala 😀

    Merci pour le site en lien, ça à l’air foutraque mais c’est sans doute pour donner envie de fouiller et de découvrir des films 😉

  4. Wade Wilson dit :

    C’est vrai que la musique participe aussi beaucoup à l’ambiance, tu fais bien de le rappeler!
    Le classement est très aléatoire, et je trouve ce principe finalement intéressant, parce que tu te retrouves dans la même configuration qu’un vieux vidéo-club où tu erres d’étagère en étagère pour trouver la perle VHS du moment! 😉

  5. shystrak dit :

    De la bombe ce site, je t’avoue que j’ai trouvé un nombre de films qui sont dans ma wishlist depuis des années…le »House » Japonais par exemple, « Coplan sauve sa peau » de Boisset en qualité dvd….je te conseille cette tuerie de polar vigilante nerveux italien : http://lesintrouvables.blogspot.com/2011/01/big-racket.html
    J’adore !!!
    merci Wade !

  6. Wade Wilson dit :

    Héhé! 😉 Moi aussi j’y ai trouvé de pures tueries, j’en reviens toujours pas de la qualité de ce site! Un travail de titan pour répertorier tout ça, mais quel bonheur de tomber sur des raretés de cette qualité! Bon, il y a aussi du bon gros nanar, mais c’est pas plus mal!

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